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prisonniers celtes

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Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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107 messages • Page 7 sur 8 • 1 ... 4, 5, 6, 7, 8

Messagede Alexandre » Dim 06 Avr, 2008 12:44

En effet.

De plus, à un échelon plus proprement géopolitique, les traités scellent souvent des paix illusoires et plus ou moins conçues comme tel. Ils ont souvent pour véritable objet de gagner du temps, aussi bien dans un camp que dans l'autre. Pensez au pacte germano-soviétique.
Gagner du temps par un traité serait une bonne explication à ce traité, surtout en ce qui concerne les séleucides, qui ont de plus gros problèmes d'organisation pour monter une défense.
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Messagede Muskull » Lun 07 Avr, 2008 7:39

Alexandre a écrit:Le génocide des Daces est très relatif...
Quant à Carthages, les Romains ont effectivement rasé la ville, mais le massacre des Carthaginois passe pour avoir été le fait des Carthaginois eux-mêmes.

"génocide relatif", curieux concept...
A propos du génocide dace
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Messagede Alexandre » Lun 07 Avr, 2008 10:11

Tes références datent beaucoup, et les explications qui vont avec aussi. Tous ces peuples, dont ton auteur ne sait expliquer la disparition par l'anéantissement faute de savoir envisager une autre explication, se sont en fait tout simplement fondus dans la population après s'être sédentarisés (cas des Vandales en Afrique du nord) ou ont changé de nom en devenant les maîtres d'une province et s'y être là aussi sédentarisés (cas des Wisigoths, devenus rois féodaux d'Espagne). Quant aux Huns, ils sont tout simplement repartis d'où ils venaient, suivant un processus récurrent dans les empires des steppes - les troupes d'Ogodeï seront exactement la même chose quelques siècles plus tard, et sensiblement pour les mêmes raisons.
Les Daces n'ont pas été exterminés : ils ont perdu une génération de leur aristocratie militaire. Pour autant, l'occupation romaine n'a duré chez eux qu'une génération, et ils étaient à nouveau indépendant quelques années plus tard.
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Messagede Muskull » Lun 07 Avr, 2008 12:17

Stabon, livre V
6. Anciennement, je le répète, la plupart des peuples celtes de la Cisalpine s'étaient établis sur les rives mêmes du fleuve. C'est là notamment qu'habitaient les Boiens, les Insubres et les Sénons, ces derniers en compagnie des Gæsates, comme au temps où ils enlevèrent Rome par surprise. Mais les Sénons et les Gæsates furent complétement détruits par les Romains. Les Boiens, à leur tour, s'étant vu chasser par les Romains de leurs demeures, se transportèrent dans la vallée de l'Ister; ils vécurent là mêlés aux Taurisques et en lutte perpétuelle avec les Daces jusqu'à ce que ceux-ci les eussent exterminés, et les terres qu'ils occupaient et qui faisaient partie de l'Illyrie se trouvèrent alors abandonnées comme de vagues pâturages aux troupeaux des nations voisines.

Si les Huns "sont retournés d'où ils venaient" je me demande bien contre qui s'est battu Salah ed-din...
Ta conception agglomérante de l'histoire est curieuse. :?
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Messagede ejds » Lun 07 Avr, 2008 12:33

Au cas par cas, et selon l’issue incertaine, plus ou moins rapide de la guerre, des traités de paix sont parfois conclus, d’un intérêt commun et selon la cruauté, le bon vouloir du vainqueur et non pas du perdant. Brennus fit de même en rançonnant Rome en 390 av. J.-C.

Alexandre a écrit:Quant à Carthages, les Romains ont effectivement rasé la ville, mais le massacre des Carthaginois passe pour avoir été le fait des Carthaginois eux-mêmes.

Il s’avère qu’une conclusion de paix avait aussi été effectuée durant l'été 201 av. J.-C., entre Carthage et Rome. Deux cents prisonniers au choix des Carthaginois, seraient rachetés lorsque la paix serait conclue. Finalement les prisonniers furent rendus sans rançon, ou plutôt échange, puisque les Carthaginois livrèrent leurs vaisseaux de guerre, leurs éléphants, les transfuges, les déserteurs et quatre mille prisonniers, au nombre desquels était le sénateur Q. Térentius Culleo. Les transfuges furent punis plus sévèrement que les esclaves fugitifs ; les Latins furent frappés de la hache et les Romains mis en croix. « De perfugis gravius quam de fugitivis consultum ; nominis latini qui erant securi percussi, Romani in crucem sublati. »

Le texte suivant, par Tite-Live, est riche en renseignements très précis et de toutes sortes sur les peuples qui se font la guerre, et parfois pour des raisons oubliées et depuis des temps immémoriaux, les rites et coutumes, les accords de traités de paix préalables, les pratiques concernant les conditions, échanges de prisonniers et le sort réservé aux transfuges, déserteurs ou esclaves fugitifs… ; les reprises sporadiques de la guerre après un certain nombre d’années..., et parfois aussi la destruction finale du perdant.

Tite-Live a écrit:Histoire Romaine.

Livre XXX.

XLIII. Tous les esprits penchaient pour la paix, lorsque le consul Cn. Lentulus, qui avait le commandement de la flotte, s’opposa à ce qu’on rendît le sénatus-consulte. Alors les tribuns M’. Acilius et Q. Minucius proposèrent au peuple « de déclarer qu'il autorisait le sénat à faire la paix avec les Carthaginois, et de nommer celui à qui il désirait confier le soin de la conclure et celui de ramener l'armée d'Afrique. »

Le vœu des tribus fur unanime pour la paix; et toutes chargèrent Scipion de la donner aux Carthaginois et de ramener les troupes. D’après ce plébiscite, le sénat décréta que P. Scipion, aidé de l'avis de dix commissaires, dicterait aux vaincus les conditions de paix qu'il jugerait convenables.

Les députés de Carthage, après avoir rendu grâces au sénat; demandèrent la permission d'entrer dans la ville et de s’entretenir avec ceux de leurs concitoyens qui étaient détenus dans les prisons publiques : « Parmi ces captifs il en était de nobles, leurs proches, leurs amis ; ils avaient à donner aux autres des nouvelles de leurs familles. » Après les avoir visités, ils sollicitèrent une seconde faveur, celle d’en racheter à leur gré un certain nombre ; on leur en demanda les noms : ils en nommèrent deux cents à peu près, et le sénat décréta « que les dix commissaires romains ramèneraient en Afrique deux cents captifs choisis par les ambassadeurs de Carthage, pour les présenter à P. Cornélius Scipion ; et que ce général les rendrait sans rançon aux Carthaginois, après la conclusion de la paix. »

Les féciaux, à qui l’on ordonna de passer en Afrique pour sanctionner le traité, réclamèrent du sénat un décret, qui fut rendu en ces termes : « Chacun des féciaux portera avec lui les cailloux et les verveines sacrées et les recevra du préteur romain, avec l’ordre de donner au traité la sanction religieuse. » Cette verveine est une herbe qu'on prend dans le capitole pour la remettre aux féciaux.

Les députés carthaginois, après avoir reçu leur audience de congé, se rendirent en Afrique auprès de Scipion, et firent la paix aux conditions stipulées ci-dessus. Ils livrèrent leurs vaisseaux de guerre, leurs éléphants, les transfuges, les esclaves, les fugitifs, et quatre mille prisonniers, parmi lesquels se trouva un sénateur nommé Q. Térentius Culleo. Scipion fit conduire les vaisseaux en pleine mer pour y être brûlés ; il y avait, en tout, disent quelques historiens, cinq cents bâtiments à rames : cet incendie qu’on aperçut tout à coup causa aux Carthaginois autant de douleur que si Carthage même avait brûlé.

Les transfuges furent punis plus sévèrement que les esclaves fugitifs ; les Latins furent frappés de la hache et les Romains mis en croix.


Histoire romaine de Tite-Live, nouvelle édition par M. E. Pessonneaux, Librairie Garnier Frères, tome cinquième, année inconnue (1947 ?), 488 pages, pp. 79-80.

Texte que l’on peut retrouver sur une autre traduction par exemple :

http://remacle.org/bloodwolf/historiens ... ivre30.htm

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Messagede Alexandre » Lun 07 Avr, 2008 12:53

Muskull a écrit:Si les Huns "sont retournés d'où ils venaient" je me demande bien contre qui s'est battu Salah ed-din...

http://www.histoiredumonde.net/article.php3?id_article=175
Je ne vois pas bien le rapport... :?:
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Messagede Muskull » Lun 07 Avr, 2008 14:14

Alexandre a écrit:Je ne vois pas bien le rapport... :?:

Aucun rapport, un lapsus de ma part. :oops:
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Messagede ejds » Mar 15 Avr, 2008 12:08

Tacite (v. 55 - v. 120 ap. J.-C) fournit des informations sur les affranchis élevés au rang supérieur. Ainsi Polyclète (Polyclitus, Polycleti, Polyclite…) qui débarqua à grands frais dans l’île de Bretagne vers 61 ap J.-C.. Venu pacifier le pays après les récentes attaques par les tribus britanniques menées par Boudicca, il ne manqua pas de frapper d’étonnement les Bretons : :shock:

Tacite a écrit:Annales - Livre XIV

Néron envoya l'affranchi Polyclitus pour reconnaître l'état de la Bretagne: il avait un grand espoir que son ascendant rétablirait la concorde entre le général et le procurateur, et que même il ramènerait à la paix les esprits rebelles des barbares. Polyclitus ne manqua pas de traîner au-delà de l'Océan ce cortège immense dont il avait foulé l'Italie et la Gaule, et de marcher redoutable à nos soldats eux-mêmes: mais il fut la risée des Bretons; la liberté vivait encore dans leurs âmes, et ils ne connaissaient pas alors cette puissance des affranchis. Leur étonnement était grand de voir le général et l'armée qui venaient d'achever une guerre si terrible obéir à des esclaves.

Le résumé suivant sur les textes de Tacite amène à comprendre cette période et le sort, plus ou moins heureux, réservé aux esclaves et affranchis : :?

P. Fabia et P. Wuilleumier a écrit:Image

HISTOIRES ET ANNALES — VALEUR HISTORIQUE

-----Autant que l’élite, Tacite s’attache à peindre la foule. Il la voit sotte et crédule, versatile et pusillanime, insoucieuse du bien public, inconsciente du bien moral, capable de toutes les bassesses, de toutes les lâchetés, de toutes les cruautés, mais parfois aussi d’impulsions braves et généreuses. Adulatrice de l’empereur, quel qu’il soit (H. I, 32 tradito more quemcumque principem adulandi licentia ; II, 90 uolgus… uacuum curis et sine falsi uerique discrimine solitas adulationes edoctum), pourvu qu’il la nourrisse à peu de frais (A., XV, 36 ; H., IV, 38.) et l’amuse à son goût (A. XIV, 14 ; XVI, 4), elle en veut à Tibère de lésiner sur les spectacles (A., I, 54 ; IV, 62) ; elle menace d’écharper Claude sur le forum un jour qu’elle craint une disette de blé (A., XII, 43) ; elle adore Néron, parce qu’il est jeune, beau et généreux (H. I, 7) et lui fait un accueil triomphal quand il rentre à Rome après le meurtre de sa mère, « vainqueur superbe de la servilité publique » (A. XIV, 13 superbus ac publici seruitii uictor) ; elle boude Galba, dont la vieillesse, la laideur et la ladrerie font un contraste excessif avec le précédent ; elle acclame tour à tour Othon et Vitellius, qui lui rappellent son ancienne idole (H. I, 78 ; II, 71).

Cependant Tacite la relève quelquefois dans notre estime, en nous montrant son indignation et sa douleur à la maladie, puis à la mort de Germanicus (A., II, 82), sa colère à la nouvelle que Néron répudie et relègue Octavie, son allégresse quand il la rappelle et la reprend (A,. XIV, 60-1), sa compassion pour les chrétiens suppliciés (A., XV, 44), sa révolte contre l’exécution de quatre cents esclaves innocents (A., XIV, 42).

-----Les classes inférieures de la société sont jugées très sévèrement. Au pessimisme naturel de l’auteur s’ajoute le préjugé aristocratique de la naissance, principe de toute hiérarchie sociale et morale. Tacite dénonce l’ascension et la trahison des affranchis (A. III, 36 ; XIII, 26-7), qui gardent toujours une âme d’esclave (A. II, 12 ; H., II, 92 ; V, 9). Il condamne les ministres de Claude, dont l’action ne fut pas aussi néfaste qu’il le dit : « Tout obéissait à un affranchi », note-t-il sarcastiquement lorsque l’empereur donna pleins pouvoirs à Narcisse contre Messaline et Silius (A., XI, 35) ; et il ne pardonne pas à Agrippine de « s’être prostituée avec un Pallas » (A. XIV, 2).

De même, il ridiculise l’émissaire de Néron, Polyclète, en exposant sa pompeuse inspection à la moquerie des Bretons, trop ardemment épris de liberté pour concevoir tant de puissance chez un affranchi et le bien distinguer d’un esclave (A., XIV, 39 Sed hostibus irrisui fuit, apud quos, flagrante etiam tum libertate, nondum cognita libertorum potentia erat).

Il accable Milichus, dont « l’âme servile, calculant le prix de la perfidie, oublia le sentiment du devoir, la vie d’un patron et le souvenir de la liberté reçue » (A., XV, 54).

Toutefois, dans le même procès, il oppose à l’odieuse lâcheté « des hommes de naissance libre, du sexe fort, des chevaliers romains et des sénateurs » la constance héroïque de l’affranchie Epicharsis (A. XV, 57-8 ).

-----Il dénonce de même la progression et la rébellion des esclaves (A. IV, 27). Sur eux et sur les gladiateurs « il lui échappe des mots malheureux » (1) et il garde des silences regrettables. Il n’est pas accessible à la morale de Sénèque, proclamant la dignité de la personne humaine. Il n’attache aucun prix au sang versé dans les amphithéâtres (A., I, 76 uili sanguine). Partisan de l’usage ancestral (uetere ex more), il accepte le supplice de quatre cent esclaves, dont le maître avait été assassiné par l’un deux (A., XIV, 42-45) : s’il relate les manifestations du peuple en leur faveur et les débats du sénat à leur sujet, il développe longuement, en style direct, le réquisitoire de C. Cassius, alors qu’il résume en une courte phrase l’opinion contraire, et il étouffe sa sensibilité, habituellement si vive et spontanée. Cependant, il reconnaît équitablement que, si la haine ou la terreur a armé des esclaves contre leurs maîtres, d’autres ont opposé aux tortures une inébranlable fidélité (H., I. 2-3), et il cite quelques exemples de dévouement (A., XIV, 60, H., IV, 50).

(1) G. Boissier, Tacite, p. 140-1.


TACITE, l’homme et l’œuvre, Philippe Fabia et Pierre Wuilleumier, Éditions Boivin & Cie, 1949, 176 pages, pp. 88-91.


Galba, le successeur de Néron, conduisit Polyclète enchaîné ainsi qu’un certain nombre d’affranchis (dont Helius), qui étaient en charge pour certains des plus hautes fonctions au gouvernement de Rome et de l’Italie, et les fit exécuter : :shock:

L. Friedlænder a écrit:MŒURS ROMAINES — DU RÈGNE D'AUGUSTE A LA FIN DES ANTONINS

LIVRE II — LA COUR DES EMPEREURS

CHAPITRE II — Les officiers, affranchis et esclaves de la cour impériale.

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Messagede DT » Mar 15 Avr, 2008 14:53

Salut à tous,
Salut ejds,
Citer Tacite, dans cette version, me paraît trop injuste, surtout lorsqu'il s'agit de vieilles traductions, bien trop franco-françaises. Pour avoir repris des textes de tacite, et tenté de les traduire, je me suis aperçu d'un choix volontaire dans le sens traduit des mots, alors que le Latin laisse beaucoup plus d'ouverture.
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Messagede Alexandre » Mar 15 Avr, 2008 15:01

Concrètement ?
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Messagede DT » Mar 15 Avr, 2008 15:48

Salut à tous,
Salut Alexandre,
Je ne tiens pas à entrer dans un débat d'historiographie, car j'ai de moins en moins de temps à consacrer à l'Arbre Celtique. Néanmoins je persiste à dire que l'on a fait de Tacite un "pro-Germanie", un "anti-Gaule", et un représentant de la "parole sénatoriale" ; ce qui n'est pas faux dans un sens, mais qui demande à être modulé maintenant que des tensions se sont éteintes. Dans chacun de ses mots, il peut y avoir la version "hard" et la version "soft".
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Messagede Alexandre » Mar 15 Avr, 2008 16:36

Je ne critique pas. J'espérais seulement quelques détails sur la traduction du latin. Mais étant traducteur moi-même, je comprends que cela prenne un temps que l'on n'a pas.
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Messagede ejds » Mar 10 Juin, 2008 12:14

Alexandre a écrit:Je ne critique pas. J'espérais seulement quelques détails sur la traduction du latin. Mais étant traducteur moi-même, je comprends que cela prenne un temps que l'on n'a pas.

Julius Cæsar, en 55 et 54 av. J.-C., pris le temps d'aller tâter les colères de la mer et des habitants de la côte est de l’île de Bretagne. Mais ce n’est seulement qu’en 43 ap. J.-C., que les Bretons du sud furent vaincus sous la férule de Claudius Britannicus.

Le général romain Cnæus Julius Agricola (v. 40-93 ap. J.-C.) naquit dans l’ancienne colonie romaine de Fréjus (Forum Julii). Il gouverna l’île de Bretagne entre 77 et 84, et maria sa fille à l’historien Tacitus (55-120 ap. J.-C.).

Il n'est pas évident de rendre la lecture captivante dans un livre, encore moins sur internet. A titre de constat et de comparaison, les traductions, mises en page, choix des mots, constructions des phrases et des paragraphes, maturité, fluidité et vivacité dans la lecture… ne sont pas les mêmes pour tous les traducteurs. Bien écrire est une chose, prendre le temps de bien traduire en est une autre. On ne sait plus parfois qui, au fil du temps, s'est inspiré des traductions des autres.

Au moins pour ceux en âge, en vouloir et en état de combattre, au joug de la soumission, de l’injustice, des injures, des lourds tributs à payer ou à l’esclavage, les Bretons répondent à l’enrôlement, aux levées de troupes auxiliaires exigées par l’armée romaine. Il en était de même pour tous les peuples des territoires conquis.

Pour se focaliser sur la phrase suivante : :?

Tacitus, en 98, a écrit:XIII. Ipsi Britanni delectum ac tributa et injuncta imperii munera impigre obeunt, si injuriæ absint: has ægre tolerant, jam domiti ut pareant, nondum ut serviant.

Deux petits exemples de traduction de Tacite sur les sites suivants bien connus des aficionados des sites web sur l'Antiquité :

C.L.F. Panckoucke, en 1833, a écrit:XIII. Les Bretons se soumettent aux tributs, aux levées, aux autres charges qu'impose l'empire, avec bonne volonté, si l'on n'y joint pas l'injustice, qu'ils tolèrent impatiemment, assez domptés pour obéir, pas encore assez pour être esclaves.

Danielle De Clercq-Douillet, en 2000, a écrit:XIII 1. Les Bretons, d'eux-mêmes, acceptent sans rechigner la conscription, l'impôt et les charges inhérentes à notre domination, pour autant qu'ils ne se sentent pas lésés; cela leur est insupportable, car pour eux la défaite justifie l'obéissance, mais pas encore l'asservissement.

Et celle du petit ouvrage suivant :

A. Bourgery, en 1966, a écrit:---Quant aux Bretons, ils supportent allègrement les levées, les tributs et toutes les charges imposées par la domination quand il n’y a pas d’injustices ; celles-ci, ils les acceptent difficilement ; ils sont assez domptés pour obéir, pas encore assez pour être esclaves. (XI-XII)

Et pour continuer la lancée coup de cœur sur le même ouvrage. Dénonçant les travers, les ambitions et les mœurs dépravés des Romains, voici l'harangue aux troupes que Tacite prête dans sa " De uita Julii Agricolæ ", au rebelle Calgacos, Calgacus, Galgagus... avant les violents combats qui eurent lieu en 83 dans les monts Graupius au nord de l’île. Il insiste particulièrement sur l’esclavage : :?

A. Bourgery a écrit:Image


[-------------------------]DISCOURS-DE-GALGACUS
[------------------A- L’ARMÉE-CALÉDONIENNE




« Les Romains ? Des brigands ! »

[---]Chaque fois que je considère les causes de la guerre 1 et la nécessité qui nous presse, j'ai grande confiance que cette journée et votre accord marqueront le début de la liberté pour toute la Bretagne. Car vous tous qui êtes ici, vous n'avez pas subi l'esclavage, il n'y a pas de terre plus loin; la mer même n’est pas sûre, puisque la flotte romaine nous y menace. Ainsi le combat et les armes, honorables pour les braves sont aussi la meilleure protection même pour les lâches.

[----------------]Image

[---]Les batailles précédentes, où nous avons lutté contre les Romains avec des fortunes diverses, mettaient entre nos mains un espoir et un appui : car, étant les plus nobles de toute la Bretagne et pour cette raison placés dans la région la plus reculée 2, loin de la vue des rivages de ceux qui sont en servitude 3, nous avions même les yeux purs de tout contact avec des maîtres. Établis comme nous le sommes aux confins des terres et de la liberté, le recul, le lointain de notre renommée nous a défendus jusqu’à ce jour; car tout ce qui est inconnu passe pour grandiose. Mais maintenant, les limites de la Bretagne sont ouvertes; plus aucun peuple au delà; rien que les flots et les rochers, et les Romains plus hostiles encore, dont on essaierait vainement de fuir la tyrannie à force d'humilité et de modération.

[---]Ce sont des brigands qui ont pris le monde entier. Depuis que pour toutes leurs dévastations la terre a manqué, ils vont jusqu'à fouiller la mer; avides, si l'ennemi est riche, ambitieux, s'il est pauvre, puisque ni l'Orient ni l'Occident ne les ont rassasiés. Seuls de tous les hommes, ils unissent dans une même convoitise la fortune et l'indigence. Piller, égorger, ravir, ils parent cela d'un faux nom, l'empire; quand ils font le désert, ils appellent cela la paix. (XXX)

[---]I. L’avidité des Romains, le patriotisme des Bretons. — 2. Ce sont donc les plus anciens peuples, les indigènes. — 3. Les Gaulois.


« Point de grâce à espérer ! »

[---]La nature a voulu que ses enfants et ses proches soient à chacun ce qu'il a de plus cher; les nôtres sont emmenés de force par des levées pour aller servir ailleurs. Les épouses et les sœurs, même si elles échappent aux violences de l'ennemi, sont souillées sous le couvert de l'amitié et de l'hospitalité.

Les biens passent au tribut, les récoltes annuelles à la réquisition, les corps eux-mêmes et les mains s’usent à frayer des routes dans les forêts et les marais, au milieu des coups et des outrages. Les esclaves nés en servitude sont vendus une fois pour toutes, et même nourris par leurs maîtres : la Bretagne, elle, achète chaque jour, entretient chaque jour son esclavage.

Dans le personnel d'une maison, le dernier arrivé parmi les esclaves est le jouet même de ses compagnons d'esclavage; ainsi dans cette vieille domesticité de l'univers, nous, les nouveaux, ceux du dernier rang, nous sommes réclamés pour être envoyés à la mort; nous n'avons ni champs ni mines, ni ports, qu'on nous ait réservés pour y travailler. De plus le courage, l'esprit belliqueux des sujets déplaît aux maîtres : l'éloignement et l'isolement même sont plus sûrs mais d'autant plus suspects.

Point de grâce à espérer. Prenez donc courage, ceux qui tiennent à la vie comme ceux qui ont la passion de la gloire. Les Brigantes 1, sous la conduite d'une femme, ont pu brûler une colonie, prendre un camp d'assaut; et, si la prospérité n'avait tourné en mollesse, auraient été capables de secouer le joug; nous qui sommes intacts, indomptée et qui allons faire la guerre pour garder notre liberté, non par regret de l'avoir perdue, montrons dès le premier choc quels hommes la Calédonie s'est réservés. (XXXI)

[---]I. Peuple voisin des Calédoniens, au sud de la Calédonie. En vérité, c’est la Bretagne entière qui s’est soulevée sous la conduite de la reine Boudicca.


« Nous sommes les plus forts… »

[---]« Croyez-vous que les Romains aient autant de courage à la guerre que de mollesse pendant la paix ? Illustrés par nos dissensions et nos discordes, ils font tourner les vices de leurs ennemis au profit de leur gloire militaire; formés par un amas de peuples si divers, ils sont maintenus par la prospérité; ils se disloqueront dans l'adversité. Ou pensez-vous par hasard que les Gaulois, les Germains 1 et (j'ai honte de le dire) la plupart des Bretons 2, s’ils offrent leur sang pour une domination étrangère bien qu'ayant été plus longtemps ennemis qu'esclaves, soient tenus par un attachement fidèle et sincère ? C'est la crainte, la terreur, faibles liens d’affection; ôtez ces liens, celui qui cesseront d'avoir peur commenceront à haïr.

Tous les stimulants de la victoire sont pour nous. Les Romains n'ont pas de femmes pour enflammer leur courage; leurs parents ne sont pas là pour leur reprocher leur fuite; la plupart d'entre eux n'ont pas de patrie ou elle leur est étrangère 3. Ils sont peu nombreux, ne se sentent pas en sécurité en pays inconnu; ils regardent avec inquiétude le ciel même, la mer, les forêts, tout l'inconnu qui les entoure; les dieux les ont pour ainsi enfermés et enchaînés. Ne vous laissez pas effrayer par un vain aspect, par l'éclat de l'or et de d'argent, qui ne protège ni ne blesse. Nous trouverons même sur le front ennemi des bras qui sont à nous; les Bretons reconnaîtront leur cause, les Gaulois se souviendront de leur liberté antérieure; le reste des Germains les abandonnera, comme les Usipiens 4 les ont laissés récemment. Après, plus rien à redouter : des forteresses vides, des colonies 5 de vieillards, des municipes 6 aigris, et le désaccord entre des gens qui obéissent mal et d'autres qui commandent injustement.

[---]« Ici il y a un chef, ici une armée; là-bas des tributs, des travaux aux mines, tous les châtiments réservés aux esclaves; sur ce champ de bataille on peut ou les subir à tout jamais ou se venger tout de suite. Aussi, quand tous marcherez au combat songez à vos ancêtres et à vos descendants. » (XXXII)

[---] I. Enrôlés dans l’armée romaine comme auxiliaires. — 2. Les Bretons du sud soumis depuis longtemps. — 3. Les légionnaires romains qui, après un si long temps passé à l’étranger ont oublié leur patrie. Et les troupes auxiliaires levées dans les pays conquis. — 4. Peuple de Germanie. — 5. Exagération : il n’y en avait qu’une, formée de soldats de la réserve. — 6. Villes qui n’avaient pas le droit de vote, mais jouissaient de certains droits.


Tacite, Histoires et Opuscules, extraits traduits par A. Bourgery, Éditions Hatier, 1966, 64 pages, pp. 17-20.

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Messagede ejds » Ven 13 Juin, 2008 11:29

Pour continuer sur les diverses traductions de Tacite, et sur le discours peu flatteur sur les peuplades britanniques du Nord que prononça Agricola de son côté pour motiver les troupes romaines : :(

P. Fabia et P. Wuilleumier, en 1949, a écrit:LA VIE D’AGRICOLA

« … Voici les gens, rétorque Agricola, qui de tous les Bretons sont les plus fuyards, ce qui leur a permis de survivre si longtemps. De même que, dans votre marche à travers les forêts et les ravins, vous avez vu les animaux les plus hardis foncer sur vous, les peureux et les faibles détaler au seul bruit de votre approche, de même les plus ardents des Bretons sont tombés depuis longtemps, reste le contingent des lâches et des poltrons … » (34… reliquus est numerus ignauorum et metuentium…).


Tacite, L’homme et l’œuvre, Philippe Fabia et Pierre Wuilleumier, Éditions Boivin & Cie, 149 pages, p.35.

C.L.F. Panckoucke, en 1833, a écrit: Tacite - Vie de Cn. Julius Agricola

http://www.mediterranees.net/histoire_r ... icola.html


XXXIIT. Ils reçurent cette harangue avec transport, et, selon la coutume des barbares, avec des chants, des frémissements et des clameurs discordantes. Déjà s'agitaient les bataillons et brillaient les armes des plus audacieux, qui se précipitaient en avant. En même temps leur armée se rangeait en bataille.

Alors Agricola, quoiqu'il vît le soldat animé et à peine contenu par les retranchements, parla ainsi :

«Voici la huitième année, compagnons d'armes, que, sous le génie et les auspices de l'empire romain, par votre constance et vos exploits, vous triomphez de la Bretagne. En tant d'expéditions, de combats, soit qu'il fût besoin de valeur contre les ennemis, soit de patience et d'efforts contre la nature même, nous n'avons eu à nous plaindre, ni moi de mes soldats, ni vous de votre général. Après avoir été plus loin, moi que les anciens lieutenants, vous que les précédentes armées, nous occupons l'extrémité de la Bretagne, non par la renommée ni par un vain bruit, mais par nos camps et nos armes. La Bretagne est découverte et soumise. Souvent, dans les marches, lorsque les marais, les montagnes, les fleuves, vous donnaient tant de fatigues, j'entendais ces cris des plus braves : «Quand se présentera l'ennemi ? quand le combat ?» Ils viennent, arrachés de leurs repaires : vos vœux sont accomplis, votre valeur peut se montrer ; tout sera favorable au vainqueur ; tout, fatal au vaincu. En effet, s'il est beau et glorieux d'avoir, en marchant à l'ennemi, franchi tant de contrées, traversé tant de forêts, passé tant de bras de mer ; ces avantages, si heureux aujourd'hui, se changeront en périls si nous fuyons. Nous n'avons pour nous ni la même connaissance des lieux, ni la même abondance de vivres, mais nos bras et nos armes, et tout est là. Quant à moi, je tiens pour maxime qu'il n'y a, dans la fuite, de salut ni pour l'armée ni pour le général. Une mort honorable est donc préférable à une vie honteuse. Au même lieu résident pour nous honneur et sûreté ; et, d'ailleurs, il ne serait pas sans gloire de succomber là où finissent le monde et la nature.

XXXIV. Si de nouvelles nations, des bataillons inconnus, étaient devant vous, je vous exhorterais par les exemples d'autres armées. Maintenant comptez vos triomphes, interrogez vos yeux. Ces barbares sont ceux qui, l'année dernière, ayant, à la faveur de la nuit, attaqué une légion, furent défaits par un seul de vos cris ; ces barbares, de tous les Bretons, sont les plus habiles à fuir, et voilà pourquoi ils ont si longtemps survécu. Ainsi qu'au fond des forêts les animaux les plus courageux ne cèdent qu'à la force, les animaux craintifs et faibles, au seul bruit de la chasse ; de même les plus intrépides des Bretons ont depuis longtemps succombé : ce qui reste n'est plus qu'une foule de lâches et de timides. Si enfin vous les avez découverts, ce n'est pas qu'ils vous aient attendus, mais ils viennent d'être surpris les derniers ; et, immobiles de terreur, ils restent fixés en ces lieux mêmes où vous allez remporter une belle et mémorable victoire. Mettez un terme à tant d'expéditions ; couronnez cinquante années par un grand jour ; prouvez à la république que jamais on ne dut imputer à l'armée ni les lenteurs de la guerre, ni les causes des révoltes».

XXXV. Agricola parlait encore, l'ardeur des soldais ne se contenait plus. De grands transports éclatèrent à la fin de son discours, et aussitôt on courut aux armes. Pleins d'impétuosité, ils se précipitent à leurs rangs. […]

XXXVIII. Dès qu'il ne resta plus de traces certaines de la fuite des ennemis, et qu'on fut assuré qu'ils ne se réunissaient en aucun lieu, comme l'été était déjà passé, Agricola, ne voulant pas diviser ses troupes, conduisit son armée dans le pays des Horestes. Là, ayant reçu des otages, il ordonna au commandant de la flotte de se porter autour de la Bretagne. Les forces nécessaires lui furent données, et la terreur les précédait. Agricola, afin d'épouvanter les esprits de ces nouvelles nations par la lenteur même de sa marche, alla, à petites journées, placer son infanterie et sa cavalerie dans leurs quartiers d'hiver. En même temps la flotte, secondée par les vents et par la renommée, atteignait déjà le port de Trutule, d'où elle était revenue, après avoir longé toute la côte voisine de la Bretagne.

Image
La consultation de l'ouvrage de C.L.F. Panckoucke, Oeuvres de C.C. Tacite, 1833, est accessible en full book Google et en mode PDF.

Pour exemple, on ne peut être que médusé du travail de fiabilité sur les premières traductions qui auraient été faites en France sur les œuvres en latin de Tacite.

Entourloupes, chapeaux claque et coups bas hauts-de-forme en coulisse dans le milieu de l’édition et, en jargon littéraire, sur les sous-traitants au noir ou " nègres " de la traduction. Ainsi sur les frasques et transactions quelque peu burlesques du ci-dessus imprimeur-libraire et éditeur, Charles-Louis-Fleury Panckoucke (1780-1844) : :D

J.-M. Quérard, en 1850, a écrit:Image

---PANCKOUCKE (C.-L.-F.), imprimeur-libraire de Paris, ancien secrétaire de la présidence du Sénat.

---Pages 576 à 579 du tome VI de « la France littéraire » nous avons déjà fait connaître des excentricités de cet imprimeur-libraire, en qui la vanité s'était faite homme ; nous en aurions beaucoup à ajouter, plus extravagantes les unes que les autres, telles que la pose projetée d'un rail-way aux abords de sa maison, son testament, monument d'orgueil poussé jusqu'à l'extrême ridicule; mais ce n'est point ici la place. Notre tâche, ici, est d'établir que la réputation d'érudit que cet habile éditeur a voulu se faire, est loin d'être incontestée, et nous allons en donner deux preuves à l'occasion de la traduction de Tacite qui porte son nom.

---I. Germanie (la), traduite de Tacite (par P.-Aug.-Mar. Miger); avec un nouveau commentaire, extrait de Montesquieu et des principaux publicistes; le rapprochement des mœurs germaines avec celles des Romains et de divers autres peuples, particulièrement avec celles de la nation française ; des notes historiques et géographiques; une table chronologique indiquant les progrès des différentes peuplades de la Germanie, leurs envahissements successifs et leurs établissements; la traduction des principales variantes extraites de tous les commentateurs de Tacite. (Par le même). Paris, C.-L.- F. Panckoucke, 1824, in-8, avec un Atlas in-4 de 16 pages de texte et 12 planches.----------------[5451]

---Le texte latin se trouve en regard de la traduction.
---On a souvent émis en doute que feu Panckoucke fût le seul et véritable auteur de la traduction des Œuvres de Tacite, publiée sous son nom, en 1831 et années suivantes; beaucoup de personnes ont pensé que M. le professeur Jules Pierrot avait consenti à servir la vanité de Panckoucke, en traduisant Tacite sous son nom. S'il y a quelque chose de vrai, tout n'est pas entièrement vrai, ainsi que le prouvent les deux faits suivants; et, nous espérons qu'un jour, des personnes en sachant plus que nous, viendront nous mettre dans le cas de contester à M. Panckoucke la traduction entière de l'historien latin, travail d'érudition entrepris pour venger son riche parrain, par son admission à l'Institut, de l'échec qu'il avait antérieurement éprouvé pour la représentation nationale.

---La traduction de la Germanie est l'œuvre de Miger. Miger, en 1823 ou 1824, avait un pressant besoin d'argent, et pour le satisfaire, il compta sur sa traduction de Tacite. Il alla d'abord la présenter à l'un de nos libraires-éditeurs le plus remarquable par le goût ; mais cette publication ne pouvait s'adjoindre à aucune des nombreuses collections que ce libraire publiait. Celui-ci indiqua Panckoucke à Miger comme l'homme qui pouvait s'arranger de sa traduction, si, surtout, il ne s'était point encore occupé de cette partie des œuvres de Tacite. Miger vit Panckoucke, et sa traduction convint à ce dernier. La question d'acquisition du manuscrit fut débattue à peu près en ces termes : Vous avez besoin de 2,400 fr., dit Panckoucke à Miger, je ne puis vous offrir que 1,200 fr. de votre manuscrit. Un moyen pourtant pourrait me permettre de vous être utile : il ne me convient que jusqu'à un certain point d'insérer dans ma traduction de Tacite une partie qui devra porter votre nom; si vous consentiez à l'omission de votre nom, et de plus si vous me promettiez de garder le secret sur votre collaboration, j'arriverais à la somme dont vous avez besoin. Miger devait être dépossédé s'il ne payait prochainement 2,400 fr. Le marché fut conclu, et Miger, en honnête homme, garda le secret. Mais quelqu'un le possédait ce secret : c'était celui qui avait envoyé Miger près de Panckoucke, notre élégant éditeur Lefèvre, et l'auteur des Supercheries découvre tout !



--- II. Bibliographie de C. C. Tacite (par Léop.-Aug.-Const. Hesse). In-8 de xiv et 95 pages, avec un fac-simile du manuscrit de Tacite écrit au XVe siècle, un deuxième de la dernière page de l'édition princeps de Tacite, et un troisième de la première page des « Annales de Tacite », imprimées en 1515.--------------- [5452]

---Impr. à la fin du tome VII (1838) des Œuvres de C. C. Tacite, traduites par C.-L.-C. Panckoucke. Réimpr. à part sous le titre de Notice sur C. C. Tacite, 1838, gr. in-8 de 96 pages.
---Les quatorze pages préliminaires sont consacrées à l'examen des éditions princeps de Tacite, et des mss. de cet immortel historien.

---La façon dont Panckoucke est devenu l'auteur de ce travail est beaucoup plus originale que la précédente. L.-A.-C. Hesse, l'auteur de « la Bibliothéconomie » (qui a eu l'honneur de deux éditions), publiée sous le nom de Constantin, était commis chez Panckoucke plusieurs années avant que celui-ci ne songeât à se poser comme philologue, comme traducteur de Tacite (1). Hesse se faisait vieux, et craignait par cette raison d'être réformé d'un jour a l'autre. Hesse rêvait au moyen que cela ne lui arrivât que le plus tard possible: il le trouva à force d'y rêver. Parmi ses travaux, Hesse comptait une laborieuse Notice bibliographique de Tacite, dont il avait parlé plusieurs fois à l'auteur de cet article. Panckoucke n'en ayant point mis à la tête du premier volume de sa prétendue traduction, contre l'usage ordinaire, Hesse profita d'un jour de l'an pour offrir à son patron, au lieu de bonbons ou d'oranges, le fruit... de ses longues recherches sur les manuscrits, les éditions princeps, les éditions et les traductions de l'historien latin. Son présent fut accueilli avec joie ; mais cet hommage mettait Panckoucke dans un très grand embarras. Imprimer dans son Tacite, le travail d'un de ses employés, et avec le nom de cet employé, quand celui du traducteur de la Germanie ne lui avait pas convenu ! Panckoucke joua l'homme mécontent vis-à-vis de son commis. Hesse s'en aperçut surpris, celui-ci voulut, à tout prix, savoir de Panckoucke en quoi il avait démérité de sa bienveillance depuis son hommage. Le chevalier de la Légion-d'Honneur, l'imprimeur et l'éditeur Panckoucke essaya de moyens de diplomate (titre, du reste, auquel notre éditeur se croyait le droit de prétendre comme à tant d'autres). Votre travail, fait avec soin, dit-il au pauvre négociateur, vous a pris beaucoup de temps, je ne vous parle pas d'érudition, vous êtes mon commis. Vous avec cru m'être utile dans ma publication académique. Je vous en remercie. Malheureusement, M. Hesse, le philologue, n'exclut pas le bibliographe, et le travail que vous m'avez offert au jour de l'an, je l'avais fait moi-même, et Panckoucke mentait; je l'ai là, dans mon secrétaire (mais il ne le montra pas). Mais comme je ne veux pas, philologiquement parlant, que vous ayez perdu votre temps, et pour que vous retrouviez ma physionomie radieuse à votre encontre, vous allez me faire un reçu de 300 fr. pour la transcription d'une Notice littéraire de Tacite, faite par moi. Hesse, à cet arrangement, conservait sa place
(HISTORIQUE). C'est ainsi que Panckoucke est devenu l'auteur d'un travail qu'il avait si peu fait, que, contrairement à l'usage, ce libraire n'a donné ce travail qu'à la fin du dernier volume de sa traduction de Tacite, après que Hesse le lui eut remis, au lieu de le donner à la tête du premier.

---Ainsi que nous l'avons dit, Hesse avait parlé plusieurs fois de son travail à l'auteur de cet article ; mais encore Hesse avait raconté à un de ses amis le savant helléniste Dübner, la vaniteuse transaction que lui avait imposée l'habile Panckoucke.

---Hesse est mort quelques années avant son patron. Panckoucke, homme partout et toujours vaniteux, tint à ce que l'on sût qu'il avait mis de l'empressement à faire une pension à la veuve d'un de ses employés, mais il ne fut pas question de son collaborateur. Ecce homo !

--- I. Panckoucke, homme savant en tout, avait pourtant le malheur d’ignorer que son commis ne voulant pas froisser la vanité innée de son patron, s’était fait très petit pour publier son livre ; ce dernier ne voulait pas obscurcir la réputation d’un homme qui avait publié, dès 1803, en 35 pages, en latin et en français, la vie d’Agricola.


---III. Ile (l’) de Staffa et sa grotte basaltique, dessinées et décrites par C.-L.-F. Panckoucke. Paris, Panckoucke, 1831, in-fol. avec 12 planches et une carte. -------------[5453]

---Cet ouvrage devait être un Voyage pittoresque aux Iles Hébrides, ainsi que le porte le faux-titre des trois livraisons publiées, et avoir vingt-cinq vues : mais Panckoucke n'a publié que la seule partie dont nous venons de donner le titre. ---France littér.

---Cette publication n'était qu'une mystification à l'adresse des érudits car elle n'est que le décalque d'une publication du commencement de ce siècle, et que nous avons vue, portant justement le titre de Voyage pittoresque aux Iles Hébrides. Mais Panckoucke voulait être immortel, regnicole ou étranger ; cette publication, fort heureusement ignorée, fut ressuscitée par lui, et cette appropriation lui valut le titre d'associé correspondant de la Société des antiquaires d'Edimbourg.



Les supercheries littéraires dévoilées.
Galerie des auteurs apocryphes, supposés, déguisés, plagiaires et des auteurs infidèles de la littérature française pendant les quatre derniers siècles : ensemble les industriels littéraires et les lettrés qui se sont anoblis à notre époque.
de Joseph-Marie Quérard, Tome troisième, L’Éditeur, 1850, 615 pages, pp. 402-5.

Livre accessible en mode full book Google et en mode PDF

Dr Cow et S. Reinach apportent quelques précisions sur les périples des mss (manuscrits) de Tacite : :?

Dr Cow et S. Reinach, en 1890, a écrit:Image

MANUSCRITS DE TITE LIVE, DE TACITE.

---5° TACITE a été plus maltraité par le temps qu’aucun autre des grands écrivains classiques. Pour les six premiers livres des Annales, il n’existe qu’une seule source, le Codex Mediceus ou Laurentianus, découvert en Westphalie au commencement du XVIe siècle et offert à Léon X (Jean de Médicis), à la mort duquel il fut incorporé à la bibliothèque Médicéenne. Ce ms. a été écrit au IXe siècle. Les livres VII-X des Annales, V-XIV des Histoires, sont perdus.

Les autres parties qui nous restent de ces ouvrages ne sont connues, elles aussi, que par un seul ms., le Mediceus II, qui ne paraît pas antérieur au XIe siècle. Pour la Germanie et le Dialogue des Orateurs, nos meilleurs mss sont un Leidensis A (dit aussi Perizonianus, du nom d’un érudit qui le possédait) et un Vaticanus B ; l’un et l’autre sont des copies d’un ms. aujourd’hui perdu, qui fut transporté en Italie en 1460.

L’Agricola subsiste dans deux copies (Γ et Δ, l’une et l’autre au Vatican), faites d’après un autre ms. perdu qui fut apporté en Italie vers 1490. On a pensé que ces deux mss perdus appartenaient au même Codex que le Mediceus I.

Minerva, Dr Cow et S. Reinach, Librairie Hachette et Cie, 1890, 336 pages, p. 49.

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Messagede ejds » Mer 13 Aoû, 2008 9:59

Pédagogie, précis de vie et point de vue

Pour revenir sur le sort des jeunes prisonniers qui annonçaient d'heureuses dispositions et étaient portés en esclavage dans l'empire romain. Les pædagogium, où écoles des pages, étaient les lieux où l'on instruisaient les enfants.

A Rome, théologie anthropozoomorphique. Lourd de moqueries, le fils de Dieu des premiers Chrétiens était perçu comme un homme à tête d'âne : :shock:

Giuseppe Lugli a écrit:Image



8. — LES VERSANTS DE LA COLLINE
-------VERS LE CIRCUS MAXIMUS


Image

--Fig. 40. — Le graffito blasphématoire d'Alexamène
-----du Paedagogium (Musée des Thermes).

---Sur l'avenue qui passe à mi-côte du versant occidental du Palatin, sous la Domus Augustana, se trouve un dernier monument, le Pœdagogium (33), école des esclaves destinés à occuper plus tard les charges de l'administration palatine et des biens de la Couronne. Le bâtiment date de Domitien, et nous en connaissons le but par les graffiti que les élèves laissaient sur les murs pour commémorer leur passage au collège, et surtout l'heureux moment de leur départ. Le plus fameux de ces graffiti se trouve aujourd'hui au musée des Thermes (fig. 40) : un homme crucifié à tête d'âne, image blasphématoire du Christ, est adoré par un jeune homme à sa gauche : l'auteur du dessin, pour tourner en ridicule son camarade, a écrit en grec la frase : « Alexamène adore son Dieu ». Une pièce obscure et étroite, à gauche de la salle principale, était peut-être le lieu de punition, puisque plus que toutes les autres elle est couverte de noms et de phrases relatives à la vie du collège.


Le forum romain et le Palatin, Giuseppe Lugli, Bardi Editore, Roma, 1972, 152 pages, pp. 148-150.

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