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Les motifs celtiques
Tous les motifs présentés ici pourraient passer
pour de puissants talismans, veillant à la bonne destinée de
l'objet servant de support et de son propriétaire. A noter que les
techniques de réalisation de chacun de ces motifs ont déjà
été abordées dans la rubrique " 2 - Société
/ D - Les sciences celtiques (1/2) ".
Arbre de vie
Le thème de l'Arbre de vie est emprunté par
les Celtes au Ve siècle avant JC à l'iconographie orientale,
vraisemblablement par l'intermédiaire de l'Italie septentrionale.
Il est généralement représenté sous sa forme
emblématique, une palmette flanquée symétriquement
d'animaux, le plus souvent monstrueux. Les Celtes associent probablement
cet arbre à une divinité masculine très importante,
avec le gui, le cheval, le bélier et le corail fréquemment
utilisé pour l'inscrustation du motif central. Généralement,
la palmette est positionnée à l'envers, entre une paire de
gardiens monstrueux (griffons, serpents à tête de rapace ou
de bélier, oiseaux fabuleux...). La palmette est quelques fois remplacée
par une tête masculine, presque toujours elle aussi inversée
et parfois associée à des esses ou à une double feuille
de gui qui indique la relation entre la divinité et la nature. Plus
tard, à l'époque des oppida, le thème de l'Arbre de
vie réapparait : la palmette est alors flanquée de bouquetins
rampants.
Cercles et demi-cercles

Détail d'un anneau de cheville
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On peut remarquer que certains cercles ou volumes hémisphériques
sont divisés en deux parties par une esse inscrite à l'intérieur.
Ceci fait donc penser au thème chinois du Yin et du Yang, quelquefois
appliqué à un motif laténien et qui évoque
tout ce qui s'oppose : masculin et féminin, positif et négatif,
lumière et obscurité...A la différence du motif emblématique
chinois, les deux moitiés ne sont jamais traitées de manière
différente. |
Cornet
Le cornet est un motif caractéristique de l'art celtique insulaire,
ainsi nommé pour sa ressemblance avec le pavillon d'un cor de chasse.
Courbe "en trompette"
Voir le symbolisme du cornet.
Dragon
Le terme de "dragons" est employé dans l'art laténien
pour désigner les créatures monstrueuses, figurées
par paires antithétiques, qui sont les gardiens de l'Arbre de
vie et qui apparaissent fréquemment sur les fourreaux d'épée.
Voir également le symbolisme des griffons.
Entrelacs
La tresse, ou entrelacs simple, angulaire ou curviligne,
est un motif fréquent dans l'art laténien du Ve siècle
avant JC. Des formes plus complexes, inspirées par des compositions
de rinceaux du répertoire grec, apparaissent au siècle suivant.
Elles furent quelquefois considérées comme caractéristiques
du style de Waldalgesheim ; elles n'en constituent en fait qu'un aspect,
et leurs héritières directes figurent sur les fourreaux d'épée
et d'autres objets du IIIe siècle avant JC.
Esse
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Motif en forme de "S", fondamental et omniprésent
dans l'art européen ancien, utilisé dès le néolithique
(fin du VIe millénaire avant JC). L'esse est composée
d'une paire de spirales à rotation identique reliées à
leur extrémité. Son symbolisme pourrait être la
représentation stylisée de la course annuelle du soleil.
Ce motif est isolé ou intégré dans les compositions
les plus diverses. L'esse est souvent associée, dès le
Vème siècle avant JC, à la représentation
de divinités masculines. Elle peut ainsi servir à représenter
certains éléments d'un visage ou d'une coiffure mais aussi
encadrer une tête. On trouve parfois l'esse sous la forme de dragons
monstrueux au corps de serpent qui figurent généralement
comme gardiens de l'Arbre de vie. Dans les régions méditerranéenne,
l'esse accompagne souvent les palmettes.
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Feuille de gui
Le motif de la double feuille de gui, composé de
deux éléments en forme de virgule arrondie réunis par
leur pointe, est très répandu au Ve siècle avant JC.
Il constitue alors l'attribut d'une divinité masculine, dont la tête
est souvent représentée coiffée de ce motif.
Fleur de lotus
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Motif floral de lointaine origine orientale, adopté
par les Celtes au Ve siècle avant JC, probablement à partir
de l'Italie septentrionale. Sa version la plus fréquente est
la frise de fleurs de lotus alternées avec des palmettes. Elles
doit présenter pour les Celtes l'intérêt de pouvoir
aussi être lue comme une frise de "doubles feuilles de gui".
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Grecque
Frise de méandres angulaires, assez courante dans le
répertoire laténien.
Griffon


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Le griffon est un animal fabuleux à corps de lion
ailé, à tête d'aigle aux oreilles de cheval, emprunté
par les Celtes au répertoire oriental probablement par l'intermédiaire
de l'Italie, au Ve siècle avant JC. La paire de griffons affrontés
qui garde l'Arbre de vie est à l'origine du motif emblématique
de la "paire de dragons" qui orne un grand nombre de fourreaux
laténiens. On peut également noter la représentation
de deux griffons, groupés deux à deux, face à face et gueule ouverte
à partir du IIIe siècle avant JC en Roumanie, ainsi qu'à l'Est
de la France et au Sud de l'Angleterre. La présence de ces mêmes créatures
à plusieurs endroits différents laisse supposer la provenance d'un seul
et même atelier.
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Lyre
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La lyre est un motif très fréquent de l'art
celtique. Elle est composée d'une paire d'esses opposées
qui encadre, le plus souvent, une palmette. Dans ce dernier cas, il
s'agit de la représentation stylisée de la paire de gardiens
monstrueux à corps de serpent de l'Arbre de vie.
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Maître des animaux
Thème de lointaine origine orientale, adopté
au Ve siècle avant JC par les Celtes, sans doute à partie
de l'Italie septentrionale. Le personnage, debout et les bras écartés,
est placé au centre d'une paire d'animaux fabuleux.
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Monade
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Ce symbole est celui de "l'Alliance". Vu la
forme en entrelacs, on peut supposer qu'il est d’origine irlandaise.
Il sous-entend la tri-partie divine : Lug sous ses deux aspects
qui sont Ogme (côté sombre) et le Dagda (Côté lumineux).
Ceci est schématisé au plus simple évidemment.
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Palmette
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La palmette est un des motifs fondamentaux de l'art celtique.
C'est une image très stylisée du palmier datier qui fut
tout d'abord élaborée en Orient, puis adoptée par
les Grecs et les Etrusques. Vers le Vème siècle avant
JC, les Celtes reprennent cette image qui devient alors très
fréquente en tant que motif central, mais aussi comme attribut
végétal de la divinité masculine associée
à l'Arbre de vie. La palmette figure souvent à ce titre
au centre de la paire de gardiens monstrueux ou entre les deux esses
affrontées (la lyre), qui en sont la version schématique.
Les Celtes emploient la palmette comme attribut divin : ils en coiffent
ou surchargent, au Ve siècle avant JC, le visage du dieu, la
transforme directement en ébauche de visage caricatural à
partir du siècle suivant. La version proprement celtique de la
palmette, issue de la fusion de ses feuilles avec les volutes qui en
forment la base est désignée par les spécialistes
sous le terme de pelte.
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Pelte
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La pelte est le nom donné à la version
celtique de la palmette méditerranéenne, obtenue par la
fusion de ses feuilles et des volutes qui en forment la base. Elle évoque
parfois des visages humains, mais son symbolisme conserve la valeur
initiale de la représentation symbolique de l'Arbre de Vie. Les
spécialistes lui ont donné ce nom pour sa ressemblance
avec le bouclier d'amazone de l'iconographie antique. Attesté
à partir du Ve siècle avant JC, ce motif majeur du répertoire
celtique figure encore sur les enluminures des manuscrits irlandais.
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Rinceau
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Le rinceau est un motif végétal emprunté
au répertoire ornemental grec vers le début du IVe siècle
avant JC. C'est l'un des motifs fondamentaux de l'ornementation végétale
dans l'art celtique des IVe et IIIe siècle avant JC. Sa construction
est le résultat d'une fusion entre la tige de demi-palmettes
qui fleurissent la naissance des pousse. Le motif ainsi formé
permet d'être utilisé dans des compositions d'éléments
courts qui évoquent alors une succession de triscèles.
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Spirale
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La spirale est un symbole graphique bien antérieur
aux Celtes ! Elle s'apparente au cercle ou à un système
de cercles concentriques. Le motif de la spirale peut avoir été
inspiré à l'origine par l'observation des turbulences
de l'eau courante mais aussi lorsque l'eau s'écoule dans un orifice
vers le bas. La spirale peut indiquer une immersion dans les eaux
de la mort (Au-delà), ce qui expliquerai sa présence
sur de nombreuses pierres tombales mégalithiques. Par ce rapport
avec l'eau, la spirale semble avoir été d'abord un symbole
féminin (Eve veut dire eau mais aussi femme). On peut également
supposer qu'elle permet d'établir la relation avec les puissances
surnaturelles, et évoque le cycle lunaire : croissance et décroissance
perpétuelle, de même pour le cycle solaire avec les jours
et les saisons. Ainsi, la spirale évoque l'évolution et
l'involution, et tout système réversible.
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Svastika ou swastika

Support de timon en bronze orné
d'un svastika - I siècle av JC - Pays de Galles
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Le svastika est un motif giratoire, une forme particulière
de croix qui possède quatre branches coudées dans le même
sens. Ces branches pourraient symboliser la quadruple orientation des
points cardinaux, et donnent aussi une impression de mouvement. Le mouvement
peut être orienté vers la droite comme vers la gauche :
lorsque les branches sont tournées vers la droite, le motif s'appelle
la svastika et lorsque les branches sont tournées vers la gauche,
il porte le nom de sauvastika. Cependant, cette distinction est rarement
faite en Europe. Le symbole du svastika reprend celui de la spirale.
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Ainsi, il suggère l'idée de retour des saisons
de l'année solaire mais évoque aussi la respiration universelle
de la vie et de la mort, de l'évolution et de l'involution. Chez
les Celtes, il est donc associé au culte du Dieu Soleil et apparait
très souvent sur les boucliers. Il demeure aujourd'hui un symbole
de bonne fortune dans la société indoue (en sanscrit, svastika
signifie "de bon augure"). Le svastika est malheureusement connu
pour avoir servi d'emblême aux Nazis durant la seconde guerre mondiale.
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Svastika-labyrinthe avec une monnaie
en son centre - Monnaie - IV ou Vème siècle av JC
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Virgule
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La virgule est une sorte de goutte d'eau renversée |
Volute
Yin-Yang
Se reporter au symbolisme de "Cercles et demi-cercles" |
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