|
| |
alauna / alaunos : (nourricier ou errant / nomade) |
|
La langue gauloise (et autres langues celtiques de l'antiquité) |
Indo-Européen: | (2) *h2elh2- : (aller sans but / errer) ; *h2elh2-mno- : (errant / qui va ça-et-là / qui se promène) |
Vieil irlandais: | (1) alim : (nourrir) ; (2) alam :(qu'on fait aller / qu'on promène) |
Vieux gallois: | (2) alaf : (qu'on fait aller / qu'on promène) |
Latin: | (1) ālo : (nourrir) ; alumnus (nourrisson, nourricier) ; (2) ambulare : (se promener / déambuler) |
Grec: | (1) ἄναλτος : (insatiable) ; (2) ἀλάομαι : (errer) |
Sanskrit: | (1) ãrmah : (source) |
|
Terme celtique, très fréquemment dans la toponymie, l'hydronymie et la théonymie, auquel différents sens ont été successivement donnés.
Dans un premier temps, il a été interprété comme dérivant d'un ancien *alamnos / alamnā, rapproché de la racine verbale *al-, qui signifie "nourrir" (latin ālo, irlandais alim, etc.), associée au suffixe d'agent *-mno-. Suivant cette hypothèse, *alamnos / alamnä aurait pour sens "nourricier / nourricière" et devrait alors être rapproché du latin alumnus "nourrisson / nourricier" et du grec ancien ἄναλτος "insatiable". Ce terme se retrouve dans les noms de différentes rivières, qui seraient de fait autant de "nourricières", implicitement "abondantes en poissons". De même, les divinités Alauna, Alaunius, Alaunus ou encore les Alounae, seraient tout autant des "nourricières / nourriciers" (Lambert, 2003 ; Delamarre, 2003 ; Lacroix, 2005 ; 2007). Suivant cette même hypothèse, on pourrait également supposer que les nombreux toponymes en Alauna seraient tout autant de "(terroirs) nourriciers", c'est-à-dire fertiles, à moins que ces noms ne se rapportent à celui d'un cours d'eau ou d'une divinité.
Par la suite, X. Delamarre (2005) est revenu sur cette première interprétation en voyant dans ce terme un ancien *alamno-, dérivant lui-même d'un thème indo-européen *h2elh2-, qu'il traduit par "aller sans but / errer", associé au suffixe d'agent *-mno-. Ceci amènerait donc à rapprocher ce nom du latin ambulare "se promener / déambuler" et du grec ancien ἀλάομαι "errer". X. Delamarre propose de reconnaître cette racine dans le nom celtique du troupeau, *alamo- et la rapproche de l'irlandais alam et du gallois alaf "qu'on fait aller / qu'on promène". Considérant le cas des hydronymes Alauna, il conviendrait donc, suivant cette hypothèse, d'y reconnaître autant d'"errantes / vagabondes", tout comme dans le cas des théonymes. Logiquement, les Alaunes de la province du Norique auraient donc été les "errants". Notons que dans ses ouvrages les plus récents, X. Delamarre retient toujours cette hypothèse et indique que le thême *anǝmno-, que l'on retrouve notamment dans le nom des Anaunes, et signifiant "sédentaire / établi", serait donc l'antonyme d'*alamno- (Delamarre, 2007 ; 2012 ; 2019). En outre, il invite à reconnaître dans le terme *alant-, un synonyme (seul le suffixe d'agent diffère).
|
Sources: X. Delamarre, (2003) - Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 440p.
X. Delamarre, (2005) - "Gallo-Brittonica : transports, richesse et générosité chez les anciens celtes", Zeitschrift fur celtische Philologie, n°54, pp.121-132
X. Delamarre, (2007) - Noms de personnes celtiques dans l'épigraphie classique, Errance, Paris, 240p.
X. Delamarre, (2012) - Noms de lieux celtiques de l'Europe ancienne, Errance, Paris, 384p.
X. Delamarre, (2019) - Dictionnaire des thèmes nominaux du gaulois (I. Ab- / Ixs(o)-), Les Cent Chemins, 398p.
J. Lacroix, (2005) - Les noms d'origine gauloise, la Gaule des activités économiques, Errance, Paris, 288p.
J. Lacroix, (2007) - Les noms d'origine gauloise, la Gaule des dieux, Errance, Paris, 288p.
P.-Y. Lambert, (2003) - La langue gauloise, Errance, Paris, 248p.
Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
Julien Quiret pour l'Arbre Celtique |
|
|
|

|