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Vous êtes dans Encyclopédie de l'Arbre Celtique > Celtes en Asie Mineure [-278:-25] / Participation des Galates à la guerre antiochique et ses conséquences [-192:-186] / bataille de Magnésie du Sipyle [fin -190]
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Encyclopédie Celtique

La bataille de Magnésie du Sipyle [fin -190]

La bataille de Magnésie du Sipyle (fin 190 av. J.-C.)

La défaite des troupes d'Antiochos III Mégas en Grèce constitua le tournant de la guerre antiochique (192-188 av. J.-C.), puisque celle-ci se déporta dés-lors au niveau de la mer Égée et de l'Anatolie. Après avoir pris le contrôle des détroits au terme de plusieurs batailles navales (190 av. J.-C.), les Romains opérèrent un débarquement sur les côtes de l'Asie mineure à la fin de l'année 190 av. J.-C., ce qui leur permit d'effectuer leur jonction avec l'armée d'Eumène II de Pergame. Antiochos III parvint à attirer les Romains et leurs alliés près de Μαγνησίας του Σιπύλου / Magnésie du Sipyle (Manisa, province de Manisa, Turquie) (Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 37-38). Alors que les Romains faisaient leur entrée dans la plaine d'Hyrcanie, ils subirent une première attaque opérée par un corps de près de mille cavaliers galates appuyés par quelques cavaliers dahes et des archers de différentes nations, laquelle fut sans conséquence (Histoire romaine, XXXVII, 38).

Arrivées dans la plaine vers laquelle Antiochos III attira ses ennemis, les différentes armées creusèrent leurs retranchements et après quelques jours d'incertitude, prirent finalement position. Lucius Cornelius Scipio disposa l'armée romaine en ligne. Les deux légions romaines furent disposées au centre, tandis qu'à ses ailes, était disposées deux divisions alliées de 5400 hommes chacune. À droite, et sur le même front, Lucius Cornelius Scipio plaça les 3000 hommes de l'infanterie auxiliaire d'Eumène, mêlés aux cétrats achéens. Plus loin encore étaient disposés près de 2200 cavaliers romains et 800 cavaliers pergamiens. 500 Tralles et Crétois furent installés en arrière, de même que 16 éléphants d'Asie, et quatre escadrons de cavalerie furent placés en renfort, dans le prolongement de l'aile gauche. Enfin, 2000 volontaires macédoniens et thraces furent laissés à la garde du camp. Au total, cette armée disposait de près de 35000 hommes (Histoire romaine, XXXVII, 39). De l'autre côté du champ de bataille, l'armée séleucide se présentait de manière nettement plus composite. Au centre, en première ligne, l'infanterie séleucide était forte de 16000 hommes armés à la manière macédonienne, était divisée en dix corps, chacun étant séparé par deux éléphants d'Afrique. Sur la droite de cette phalange étaient disposés 1500 cavaliers galates, soutenus par 3000 cataphractaires et un escadron de 1000 cavaliers d'élite mèdes et 16 éléphants d'Afrique. Plus loin se trouvait la cohorte royale et 1200 archers à cheval dahes, puis 3000 hommes de troupes légères crétois et tralles, et 5200 archers mysiens. Enfin, cette aile se terminait par 4000 frondeurs cyrtéens et archers élyméens. Sur l'aile gauche était disposée un autre corps de 1500 cavaliers galates et 2000 cavaliers cappadociens, 2700 auxiliaires de diverses nations, 3000 cataphractaires et 1000 autres cavaliers couverts d'une armure un peu plus légère, syriens, phrygiens et lydiens. Plus loin sur la gauche se trouvaient des quadriges armés de faux, des dromadaires montés par des archers arabes, puis des auxiliaires tarentins, 2500 cavaliers galates, 1000 cavaliers néocrétois et 1500 cavaliers cariens et ciliciens, 1500 cavaliers tralles, 4000 cétrats pisidiens, pamphyliens et lyciens. Cette aile se terminait par des 4000 frondeurs cyrtéens et archers élyméens, et 16 éléphants d'Afrique. Au total, cette armée disposait de 65000 à 70000 hommes (Histoire romaine, XXXVII, 40). Festus Historicus annonce quant à lui un nombre total de 300000 combattants, ce qui est nettement moins crédible (Abrégé des hauts faits du peuple romain, XI).

Le combat fut très mal engagé par les troupes d'Antiochos III. Les quadriges munis de faux, avec lesquels le roi espérait semer la panique dans les rangs ennemis, subirent une pluie de projectiles lancés par les auxiliaires d'Eumène II de Pergame. Épouvantés, les chevaux partirent dans toutes les directions, ce qui permit aux cavaliers romains et pergamiens de se lancer à leur poursuite. De proche en proche, la panique s'étendit et gagna finalement les dromadaires des troupes arabes (Histoire romaine, XXXVII, 41). L'effroi gagna ensuite l'aile gauche de l'armée séleucide, puisque les auxiliaires de extrémité prirent la fuite, suivis par les cataphractaires lorsqu'ils furent chargés par la cavalerie romaine. Finalement, ce fut toute l'aile qui s'effondra, empêchant les phalanges séleucides de manoeuvrer convenablement. Depuis l'aile droite qu'il commandait, Antiochos III parvint cependant à faire manoeuvrer les troupes qui lui restaient et à enfoncer l'aile gauche des Romains et alliés, au point de mettre en fuite une partie de l'infanterie, exposant ainsi le camp romain (Histoire romaine, XXXVII, 42). Ce ne fut que grâce au tribun des soldats, Marcus Aemilius Lepidus, et à Attale, frère d'Eumène, que les soldats romains en fuite regagnèrent leurs rangs et purent soutenir le choc de l'attaque des troupes d'Antiochos (Histoire romaine, XXXVII, 43).

L'aile gauche de l'armée séleucide s'étant disloquée, empêchant le centre de l'armée de manoeuvrer et de se défendre convenablement, et l'aile droite n'ayant pu soutenir davantage son attaque, Antiochos prit la fuite. Immédiatement, les Romains franchirent les monceaux de cadavres qui jonchaient le champ de bataille pour piller le camp séleucide, après en avoir massacré les défenseurs, tandis que la cavalerie pourchassa les fuyards (Histoire romaine, XXXVII, 43). Le bilan de cette bataille fut effroyable, mais très certainement exagéré par Tite Live. En effet, l'historien indique que les Séleucides et leurs alliés perdirent 50000 hommes et 3000 chevaux. En outre, 1500 hommes furent faits prisonniers et 15 éléphants furent pris. De leur côté, les Romains n'auraient perdu que 300 fantassins et les Pergamiens 25 hommes (Histoire romaine, XXXVII, 44).

Le lendemain, des ambassadeurs se présentèrent au consul pour apporter la soumission de Θυάτειρα / Thyateira (Akhisar, province de Manisa, Turquie) et de Μαγνησίας του Σιπύλου / Magnésie du Sipyle, puis ceux de Σάρδεις / Sardes (province de Manisa, Turquie), où Antiochos et les débris de son armée avaient trouvé refuge (Histoire romaine, XXXVII, 44). Ils furent suivis, les jours suivants, par des ambassadeurs de Τραλλια / Tralles (Aydın, province d'Aydın, Turquie), de Μαγνησία τοῦ Μαιάνδρου / Magnésie du Méandre (Tekin, province d'Aydın, Turquie), et d'Ἔφεσος / Éphèse (Ayasoluk, province d'Izmir, Turquie), et finalement ceux d'Antiochos lui-même, et de nombreux peuples d'Asie (Histoire romaine, XXXVII, 45). Les négociations qui s'ouvraient alors entre Romains et Séleucides mit un terme définitif aux hostilités (1).

Bien que 5500 Galates aient été mentionnés dans les rangs séleucides, ceux-ci ne cherchèrent visiblement pas à députer des ambassadeurs auprès des Romains, expliquant certainement l'inquiétude de la survenue d'une guerre (Histoire romaine, XXXVII, 51). Pendant que les Romains travaillaient toujours à négocier les conditions de paix avec les différents belligérants de ce conflit, et partageaient l'Asie mineure de concert avec les Pergamiens et les Rhodiens, Cnaeus Manlius Vulso, le nouveau consul, arriva sur place. Dés son arrivée, au printemps 189 av. J.-C., il fut convenu de soumettre un certain nombre de peuples avec lesquels les Romains étaient en contentieux, et la ferme intention de lancer une campagne contre les Galates (Histoire romaine, XXXVII, 60).

Notes

(1) Le traité de paix fut néanmoins conclu qu'au cours de l'été 188.


Sources littéraires anciennes

Festus Historicus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, X : "Nous envahîmes la Gallo-Grèce, ou la Galatie (car Galates ou Gaulois sonnent à peu près de même à l'oreille), parce qu'elle avait donné au roi Antiochus des secours contre les Romains."

Festus Historicus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, XI : "Antiochus, le plus puissant des rois de Syrie, fit une guerre formidable au peuple romain. Il mit sur pied trois cent mille hommes, que soutenaient encore des chars armés de faux et des éléphants ; il fut vaincu en Asie, près de Magnésie, par le consul Scipion, frère de Scipion l'Africain ; il obtint la paix et la permission de régner dans les limites du mont Taurus."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 37 : "Antiochus avait soixante-deux mille hommes d'infanterie et plus de douze mille chevaux ; ces forces pouvaient lui donner quelque confiance dans l'issue d'un combat. Cependant, cédant aux conseils du grand homme, sa dernière ressource en cas de revers, il se retira, passa le fleuve Phrygius et alla camper près de Magnésie du Sipyle. Pour mettre ses retranchements à l'abri de toute tentative de la part des Romains, s'il voulait gagner du temps, il l'entoura d'un fossé profond de six coudées et large de douze, en dehors duquel il éleva une double palissade ; sur le revers il construisit un mur flanqué de tours nombreuses, d'où il pouvait facilement empêcher l'ennemi de franchir le fossé."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 38 : "Le consul, qui croyait le roi à Thyatire, continua sa marche sans s'arrêter, et le cinquième jour il entra dans la plaine d'Hyrcanie. Il apprit alors son départ, suivit ses traces et vint camper en-deçà du fleuve de Phrygie, à quatre milles de l'ennemi. Alors, un corps de mille cavaliers, Gallo-Grecs pour la plupart, avec quelques Dahes et des archers de différentes nations, traversant à grand bruit le fleuve, fondirent sur les postes romains. La surprise causa d'abord quelque confusion ; mais bientôt le combat se prolongeant, les Romains, qui étaient à portée de leur camp, reçurent des renforts ; la cavalerie du roi, épuisée de fatigue et cédant au nombre, tourna bride ; mais elle fut atteinte sur les bords du fleuve par l'ennemi qui la poursuivait et perdit plusieurs hommes avant d'avoir pu tenter le passage. Deux jours s'écoulèrent ensuite dans l'inaction, sans qu'aucun des deux partis se hasardât à traverser. Le troisième jour, les Romains passèrent sur l'autre rive et campèrent à deux mille cinq cents pas de l'ennemi. Pendant qu'ils travaillaient à leurs retranchements, trois mille fantassins et cavaliers d'élite de l'armée royale les assaillirent avec un bruit épouvantable. Deux mille hommes protégeaient les travaux. Ce poste, malgré son infériorité, soutint d'abord à lui seul une lutte égale, sans appeler aucun des travailleurs à son aide ; puis, s'animant à mesure que le combat s'échauffait, il finit par chasser les assaillants, leur tua cent hommes et fit à peu près autant de prisonniers. Les quatre jours suivants, les deux armées restèrent en bataille devant leurs retranchements. Le cinquième, les Romains s'avancèrent au milieu de la plaine. Antiochus ne fit aucun mouvement, bien que les ennemis ne fussent pas à un mille de son camp."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 39 : "Le consul, voyant que les Syriens refusaient le combat, tint conseil le lendemain : Que devait-il faire, demanda-t-il, si Antiochus ne lui donnait pas la possibilité de combattre ? L'hiver approchait ; il fallait ou tenir les soldats sous la tente, ou, si l'on voulait prendre les quartiers d'hiver, ajourner la guerre à la campagne suivante. Jamais ennemi ne fut plus méprisé des Romains. Ce ne fut de la part de tout le monde qu'un seul cri : Il fallait marcher droit aux Syriens et profiter de l'ardeur des soldats. Les Romains ne voyaient dans ces masses d'hommes que des animaux à égorger et non des ennemis à combattre : ils étaient prêts à faire irruption dans le camp à travers les fossés et les palissades, si Antiochus ne sortait pas de ses lignes. Le lendemain, d'après les renseignements positifs donnés par Cn. Domitius qu'on avait envoyé reconnaître le terrain et les endroits les plus abordables des retranchements ennemis, le consul alla se poster plus près encore. Le troisième jour les enseignes flottèrent au milieu de la plaine, et l'armée se mit en bataille. De son côté, Antiochus, renonçant à ses hésitations, dans la crainte de décourager ses troupes par de plus longs délais et d'augmenter la confiance des Romains, sortit enfin de son camp, mais se contenta de faire croire qu'il avait la résolution de combattre. L'armée romaine offrait un aspect presque uniforme en hommes et en armes; elle était composée de deux légions romaines et de deux divisions des alliés du nom latin, forte chacune de cinq mille quatre cents hommes. Les Romains occupaient le centre, les Latins les deux ailes; les hastats en tête, derrière eux les principes, au troisième rang les triaires. En dehors de cette ligne de bataille, qui était pour ainsi dire complète, le consul plaça à droite, et sur le même front, l'infanterie auxiliaire d'Eumène, au nombre de trois mille hommes environ, mêlés aux cétrats achéens ; plus loin étaient trois mille chevaux, dont huit cents fournis par Eumène et le reste composé uniquement de Romains ; au troisième rang cinq cents Tralles et Crétois. L'aile gauche semblait pouvoir se passer de ces renforts ; elle était appuyée au fleuve et couverte par les routes escarpées. Néanmoins quatre escadrons de cavalerie y furent placés. Tel était l'ensemble des forces romaines, en y ajoutant deux mille volontaires macédoniens et thraces laissés à la garde du camp. Seize éléphants formaient la réserve derrière les triaires. Car outre qu'on ne pouvait les opposer avec succès à ceux du roi qui en avait cinquante-quatre, les éléphants d'Afrique, même en nombre égal, ne peuvent tenir tête contre ceux de l'Inde, qui ont sur eux l'avantage de la grosseur et peut-être du courage."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 40 : "L'armée du roi, mélange confus de diverses nations, offrait un coup d'oeil plus varié par la diversité des armes et des corps auxiliaires. L'infanterie, forte de seize mille hommes, était armée à la macédonienne et portait le nom de phalange. Elle occupait le centre de l'armée sur la première ligne, et était divisée en dix corps, séparés chacun par deux éléphants. La profondeur était de trente-deux hommes. Cette infanterie était la principale force du roi et présentait un aspect formidable, autant par sa fière contenance que par ses éléphants qui dominaient toute la ligne. Ces animaux étaient d'une grosseur prodigieuse, qui semblait encore rehaussée par leurs panaches flottants; leur dos était surmonté d'une tour dont chacune portait quatre combattants, sans compter le conducteur. À l'aile droite de cette phalange étaient placés quinze cents cavaliers Gallo-Grecs, soutenus par trois mille cuirassiers, nommés cataphractes, et par un escadron de mille chevaux, appelé agéma. C'était l'élite des Mèdes et des différentes peuplades de cette contrée. À leur côté se trouvait immédiatement un corps de seize éléphants formant la réserve. Plus à droite, et sur le prolongement de cette aile, était la cohorte royale, qui portait le nom d'argyraspides à cause de ses boucliers d'argent. Venaient ensuite douze cents archers à cheval, de la nation des Dahes; puis trois mille hommes de troupes légères, composés de Tralles et de Crétois à peu près en nombre égal, et de deux mille cinq cents archers Mysiens. L'extrémité de l'aile était couverte par un corps de quatre mille hommes, tant frondeurs cyrtéens qu'archers élyméens. À l'aile gauche la phalange était soutenue par quinze cents cavaliers Gallo-Grecs, et deux mille Cappadociens de la même arme, envoyés au roi par Ariarathe. Puis venaient deux mille sept cents auxiliaires de diverses nations, trois mille cavaliers cataphractes et mille autres cavaliers couverts, eux et leurs chevaux, d'une armure un peu plus légère, ayant du reste la même tenue : ce corps, qu'en appelait l'escadron du roi, était un mélange de Syriens, de Phrygiens et de Lydiens. En avant de cette cavalerie étaient rangés les quadriges armés de faux, et les chameaux, appelés dromadaires, montés par des archers arabes, qui portaient des épées à lames étroites mais longues de quatre coudées, afin de pouvoir atteindre l'ennemi du haut de leurs montures. Puis la foule des auxiliaires, à peu près comme à l'aile droite: d'abord les Tarentins, ensuite deux mille cinq cents cavaliers Gallo-Grecs, mille Néocrétois et quinze cents Cariens et Ciliciens de la même arme, autant de Tralles; enfin quatre mille cétrats, Pisidiens, Pamphyliens et Lyciens. Plus à gauche, les auxiliaires cyrtéens et élyméens en même nombre qu'à l'aile droite, et seize éléphants placés à quelque distance."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 41 : "Le roi commandait en personne à l'aile droite ; Séleucus son fils et Antipater son neveu étaient chargés de la gauche ; le centre était confié à trois chefs, Minnion, Zeuxis et Philippe, maître des éléphants. Un brouillard qui s'était levé le matin et qui remonta avec le jour répandit une grande obscurité ; le vent du midi fit tomber ensuite une pluie qui inonda toute la plaine. Les Romains n'en furent pas incommodés, mais l'armée du roi en souffrit beaucoup. Les premiers occupaient trop peu de terrain pour que l'obscurité les empêchât de voir toute l'étendue de leurs lignes et, comme ils étaient presque tous pesamment armés, la pluie n'émoussait ni leurs épées ni leurs javelots. Dans l'armée royale, au contraire, dont le front présentait un si grand développement, on ne pouvait même pas, du centre, distinguer les ailes; à plus forte raison les deux extrémités ne se voyaient-elles pas entre elles; l'humidité avait relâché les arcs, les frondes et les courroies des javelots. Les quadriges même armés de faux, sur lesquels Antiochus comptait pour jeter le désordre dans les rangs ennemis, ne servirent qu'à troubler les siens. Voici quelle était à peu près leur construction : dix piques d'une coudée partaient du joug au milieu du timon, comme des cornes destinées à transpercer tout ce qu'elles rencontreraient ; de chaque côté du joug étaient attachées en saillie deux faux, l'une à la hauteur du joug, pour trancher tout ce qui se présenterait de côté, l'autre plus bas, tournée vers la terre pour atteindre les soldats tombés et ceux qui tenteraient de se glisser par dessous. À l'extrémité des essieux étaient également adaptées deux faux dans la même disposition. Comme il eût fallu ouvrir les rangs pour livrer passage à ces quadriges, s'ils avaient été placés à l'arrière-garde ou au centre, le roi, comme on l'a dit plus haut, les avait mis en avant de ses lignes. À cette vue, Eumène, qui était familiarisé avec cette espèce d'armes et qui savait combien c'était une ressource équivoque, lorsqu'on se bornait à effaroucher les chevaux au lieu de faire une attaque régulière, donna ordre aux archers crétois, aux frondeurs, aux cavaliers armé de javelots, de s'approcher non pas en masse, mais en se dispersant le plus possible, et de faire pleuvoir sur l'ennemi une grêle de traits. Cette pluie meurtrière, accompagnée de cris discordants, répandit une telle épouvante parmi les chevaux qu'ils s'emportèrent et coururent dans des directions différentes. Il fut facile aux troupes légères, aux frondeurs et aux Crétois agiles de se dérober à cette charge soudaine, tandis que la cavalerie, qui poursuivit les fuyards, acheva de répandre le désordre et la terreur parmi les chevaux et les chameaux, également effarouchés par les cris confus qui retentissaient autour d'eux. On fit donc disparaître les chars du milieu de la plaine et, lorsque cette vaine échauffourée fut terminée, les deux armées s'ébranlèrent au signal donné, pour un combat en règle."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 42 : "Mais cette panique fut bientôt cause d'une véritable défaite. Les auxiliaires de la réserve, placés à peu de distance, se laissèrent gagner par l'effroi et l'épouvante qui avaient dispersé les attelages et, se mettant à fuir, dégarnirent toutes les lignes jusqu'aux cataphractes. Ceux-ci, se voyant découverts et chargés par la cavalerie romaine, ne soutinrent pas même le premier choc. Les uns se débandèrent; les autres, accablés du poids de leur cuirasse et de leurs armes, furent pris ou tués. Bientôt toute l'aile gauche fut en déroute, et le désordre des auxiliaires placés entre la cavalerie et la phalange porta la terreur jusqu'au centre. Les rangs furent rompus, et le mouvement rétrograde des fuyards empêcha l'infanterie de faire usage de ces longues piques que les Macédoniens nomment sarisses. Les légions romaines se portèrent alors en avant, et assaillirent à coups de javelot leurs ennemis en désordre. Les éléphants placés entre les lignes ne purent eux-mêmes arrêter le soldat romain, accoutumé par les guerres d'Afrique à éviter la charge de ces animaux, soit en leur perçant les flancs avec le javelot, soit en leur coupant le jarret avec l'épée lorsqu'il pouvait les approcher. Déjà la première ligne du centre était presque entièrement enfoncée et la réserve, tournée par les Romains, était taillée en pièces, lorsqu'ils apprirent la déroute de leur aile gauche et entendirent les cris des fuyards refoulés jusqu'aux portes du camp. En effet Antiochus, qui commandait à l'aile droite, ayant remarqué que le consul s'était cru suffisamment couvert par le fleuve et n'avait placé de ce côté que quatre escadrons de cavalerie, profita de ce que ces escadrons avaient abandonné la rive pour se joindre aux autres corps et fit une charge à la tête de ses auxiliaires et de ses cataphractes. Non seulement il attaqua les Romains de front, mais il tourna leur aile du côté du fleuve, les prit en flanc, culbuta d'abord leur cavalerie, puis força les corps d'infanterie les plus rapprochés à fuir en désordre vers leur camp."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 43 : "La garde du camp était confiée à M. Aemilius, tribun des soldats, fils de M. Lépidus qui, peu d'années après, fut nommé grand pontife. Témoin de cette déroute, il courut avec toute sa troupe au-devant des fuyards, les arrêta, puis les ramena au combat en leur faisant honte de leur effroi et de leur lâche désertion ; il les menaçait d'une mort certaine s'ils n'obéissaient. Enfin il ordonna aux siens de faire main basse sur les plus avancés et de forcer à coups d'épée ceux qui les suivaient à faire volte-face. Placés entre deux périls, les fuyards choisirent le moindre ; ils cédèrent devant une si cruelle alternative, s'arrêtèrent d'abord, puis retournèrent d'eux-mêmes au combat. Aemilius, avec les deux mille braves qui composaient sa troupe, tint vigoureusement tête au roi qui arrivait à toute bride sur le dos des fuyards. Attale, frère d'Eumène, placé à l'aile droite, qui avait au premier choc culbuté la gauche de l'ennemi, n'eut pas plus tôt vu la gauche des Romains en fuite et les abords du camp dans la plus grande confusion qu'il accourut à temps avec deux cents chevaux. Antiochus, qui vit revenir au combat ceux qu'il venait de poursuivre et des renforts accourir du camp et du corps de bataille, tourna bride et prit la fuite à son tour. Ainsi vainqueurs aux deux ailes, les Romains franchirent les monceaux de cadavres entassés principalement au centre, où le courage de l'ennemi et la pesanteur de ses armes l'avaient retenu, et coururent piller le camp syrien. Les cavaliers d'Eumène, suivis bientôt de tout le reste de la cavalerie, s'élancèrent à travers la plaine à la poursuite des fuyards et firent main basse sur les premiers qu'ils purent atteindre. Mais ce qui fut surtout funeste aux Syriens, ce fut le pêle-mêle de chars, d'éléphants, de chameaux, et ces flots de fuyards qui, se ruant éperdus et en désordre les uns sur les autres, se faisaient fouler aux pieds par les animaux. Dans le camp même le carnage fut plus horrible que sur le champ de bataille. C'était au camp que les premiers fuyards avaient cherché un asile et, dans l'espoir d'être soutenus par ceux qui en avaient la garde, ils se battirent avec fureur devant les retranchements. Les Romains, se voyant arrêtés à l'entrée du camp et des palissades qu'ils s'étaient flattés d'emporter du premier choc, se vengèrent de cette résistance en faisant une épouvantable boucherie lorsqu'ils l'eurent enfin forcé."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 44 : "Le roi perdit dans cette journée, dit-on, près de cinquante mille fantassins et trois mille chevaux; on lui prit quinze cents hommes et quinze éléphants avec leurs conducteurs. Les Romains eurent beaucoup de blessés, mais leur perte ne s'éleva qu'à trois cents hommes d'infanterie environ et vingt-quatre cavaliers, celle d'Eumène, à vingt-cinq hommes. Les vainqueurs saccagèrent dans la journée le camp ennemi et rentrèrent dans le leur avec un immense butin."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 51 : "Ce fut alors que s'élevèrent ces bruits sans fondement sur la campagne d'Asie ; peu de jours après on reçut à Rome des nouvelles positives et des dépêches du général, qui firent succéder la joie à cette crainte toute récente, déjà démentie d'ailleurs par la défaite d'Antiochus en Étolie. Ces renseignements coupèrent court aux sinistres pressentiments qui avaient éveillé dans tous les coeurs, au commencement de la guerre, la puissance formidable d'Antiochus et la coopération d'Hannibal chargé de diriger les hostilités. Cependant on ne changea point la destination du consul envoyé en Italie ; on ne crut pas devoir diminuer son armée, dans la crainte d'avoir à combattre les Galates."

Tite Live, Histoire romaine, XXXVII, 60 : "Vers le même temps, le consul Cn. Manlius arrivait en Asie, et le préteur Q. Fabius Labéo avait rejoint la flotte. Les Gallo-Grecs pouvaient exercer la valeur du consul, mais la mer était libre depuis la défaite d'Antiochus. Fabius, après avoir cherché de quel côté il tournerait ses armes, parce qu'il ne voulait pas rester inactif dans sa préture, se décida à passer dans l'île de Crète. Cydonia était en guerre avec Gortyne et Cnossos, et beaucoup de prisonniers romains ou italiens, étaient, disait-on, réduits à l'esclavage dans toutes les parties de l'île."


Sources:
  • V. Kruta, (2000) - Les Celtes - Histoire et dictionnaire, Laffont, Paris, 1020p.
  • Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
  • Julien Quiret pour l'Arbre Celtique

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