Gaulois travaillent à faciliter le passage d'Hannibal en Italie [hiver -219/-218] - 5584 - L'encyclopédie

Les Gaulois travaillent à faciliter le passage d'Hannibal en Italie (hiver 219-218 av. J.-C.)

Bien décidé à prolonger son expédition jusqu'en Italie où Rome possédait de nombreux alliés, Hannibal n'ignorait aucunement que son entreprise serait vouée à l'échec s'il ne s'entourait pas lui aussi de nombreux alliés. Un passage de l'Histoire générale de Polybe (III, 7) mentionne le fait que dés l'hiver 219-218 av. J.-C., alors qu'Hannibal et ses troupes étaient à leur quartier d'hiver au sud de l'Ebre, des Gaulois avaient été envoyés par lui en Gaule transalpine, dans les Alpes et en Gaule cisalpine pour reconnaître l'itinéraire à suivre, prendre contact avec les différentes peuplades rencontrées et leur livrer des gages d'amitié. Surtout, sachant qu'une importante guerre avait opposé les Gaulois cisalpins aux Romains peu de temps avant (226-222 av. J.-C.), il voulut savoir si les rancoeurs étaient suffisantes pour être exploitées à son profit.

Parfaitement conscients du sort réservé aux Gaulois cisalpins, les Gaulois transalpins semblent avoir majoritairement perçu positivement l'entreprise d'Hannibal. Aussi, lorsque ses messagers lui revinrent, Hannibal recueillit les informations attendues, notamment les dispositions favorables des Gaulois, mais aussi l'existence de passages praticables à travers les Alpes. Les difficultés du parcours qu'il entreprenait pouvaient donc être compensées par la sécurité et les garanties offertes par ces alliances naissantes.

Au terme de son hivernage et rassuré par les nouvelles qui lui rapportèrent ses envoyés, Hannibal mit ses troupes en marche en direction des Pyrénées.

Polybe, Histoire générale, III, 7 : "Hannibal ayant ainsi pourvu à la sûreté de l'Afrique et de l'Espagne, n'attendit plus que l'arrivée des courriers que les Gaulois lui envoyaient, car il les avait priés de l'informer de la fertilité du pays qui est au pied des Alpes et le long du Pô ; quel était le nombre des habitants ; si c'était des gens belliqueux ; s'il leur restait quelque indignation contre les Romains pour la guerre que ceux-ci leur avaient faite auparavant, et que nous avons rapportée dans le livre précédent, pour disposer le lecteur à entendre ce que nous avions à dire dans la suite. Il comptait beaucoup sur les Gaulois, et se promettait de leurs secours toutes sortes de succès. Pour cela, il dépêcha avec soin à tous les petits rois des Gaules, tant à ceux qui régnaient en deçà qu'à ceux qui demeuraient dans les Alpes mêmes, jugeant bien qu'il ne pouvait porter la guerre en Italie qu'en surmontant toutes les difficultés qu'il y aurait à passer dans les pays dont nous venons de parler, et qu'en faisant entrer les Gaulois dans son entreprise. Enfin les courriers arrivèrent, et lui apprirent quelles étaient les dispositions et l'attente des Gaulois, la hauteur extraordinaire des Alpes, et les fatigues qu'il devait s'attendre à essuyer dans ce passage, qui n'était cependant pas absolument impossible. Le printemps venu, Hannibal fit sortir ses troupes des quartiers d'hiver. Les nouvelles qu'il reçut de Carthage sur ce qui s'y était fait en sa faveur, exaltèrent son courage, et, sûr de la bonne volonté de ses concitoyens, il commença pour lors à exhorter ouvertement les soldats à faire la guerre aux Romains. Il leur représenta de quelle manière les Romains avaient demandé qu'on les leur livrât, lui et tous les officiers de l'armée. Il leur parla avec avantage de la fertilité du pays où ils allaient entrer, de la bonne volonté des Gaulois, et de l'alliance qu'ils devaient faire ensemble. Les troupes lui ayant témoigné qu'elles étaient prêtes à le suivre partout, il loua leur courage, leur annonça le jour du départ, et congédia l'assemblée."