Hautain - 7319 - L'encyclopédie

Le hautain marie l'arbre et la vigne. Cette pratique apparentée à la coltura promiscua, fait de l'arbre un tuteur accrochant la vigne en hauteur et permet une production de fruits et de fourrage (feuillage). Les arbres utilisés, appelés rumpotinum en Gaule selon Columelle (De l'Agriculture, V, 7), pouvaient être l'obier, le cornouiller, le charme, l'orme et le saule. Les arbres sont régulièrement taillés pour ne pas faire trop d'ombrage à la vigne, ainsi qu'aux cultures également associées. Les arbres protégeaient les cultures et les animaux des intempéries et contribuaient à la production de bois. Cette pratique développée dans les régions méditerranéennes et est-européennes n'a pas été inventée par les Gaulois, mais adaptée, par le choix tout à fait original des essences d'arbre, comme le soulignait Columelle (De l'Agriculture, V, 7).

Columelle, De l'Agriculture, V, 7 : "Il y a dans les Gaules une autre espèce de plants d'arbres mariés aux vignes, et qu'on appelle rumpotinum : il exige des sujets de petite taille et peu garnis de feuillage. L'obier surtout paraît propre à cet usage : c'est un arbre semblable au cornouiller. Au surplus, la plupart des vignerons ont recours, pour le même service, au cornouiller, au charme, à l'orme, et quelquefois au saule. Quant à ce dernier arbre, il ne faut s'en servir que dans les localités marécageuses, où les autres arbres ne prennent que difficilement, parce qu'il altère la saveur du vin. On peut aussi recourir à l'orme, pourvu qu'on l'étête dans sa jeunesse, afin qu'il n e s'élève pas au delà de quinze pieds. Or, j'ai remarqué que le rumpotinum est constitué de manière que ces étages ne vont qu'à huit pieds dans les lieux secs et sur les pentes, et à douze sur les plaines et dans les terrains humides. L'arbre se divise ordinairement en trois branches, à chacune desquelles on conserve de chaque côté plusieurs bras; puis on retranche presque tous les autres rameaux qui donneraient trop d'ombre à l'époque de la taille des vignes. Si on ne sème pas de grains sous les rumpotinum, on laisse entre eux une distance de vingt pieds de chaque côté; mais si on y cultive des céréales, on étendra cet intervalle à quarante pieds d'un côté et à vingt de l'autre. Les autres pratiques sont les mêmes que celles qui sont usitées en Italie : ainsi on plante les vignes dans de longues fosses, on leur donne les mêmes soins, on les dispose sur les branches de l'arbre; tous les ans on fait passer aux arbres voisins de nouveaux sarments, et l'on coupe les anciens. Si l'un de ces sarments ne peut atteindre le sarment voisin, on les réunit à l'aide d'une baguette à laquelle on les attache. Lorsqu'ensuite ils fléchissent sous le poids des grappes, on les soutient au moyen d'appuis qu'on a placés au-dessous. Cette espèce de plant et tous les autres arbres fructifient d'autant plus qu'on les laboure plus profondément, et qu'on bêche plus assidûment autour de leur pied. La culture prouve au chef de famille les avantages de ce travail."