Nom par lequel les auteurs gréco-romains désignaient la portion méridionale des Alpes occidentales, puis une province romaine. Initialement, au Ier s. av. J.-C., les Alpes Maritimae étaient le territoire compris entre la province de Gaule narbonnaise, la région de Ligurie et la Terre de Cottius, ayant échappé à la convoitise des Romains.
Dans la première moitié du Ier s. ap. J.-C., les peuples des Alpes maritimes furent progressivement dotés d'une organisation municipale et constitués en cités romaines. Un praefectus ciuitatis "préfet des cités" fut placé à leur tête, comme en témoignent les deux inscriptions découvertes à Zuglio, rendant hommage à l'un d'eux, Caius Baebius Atticus, qui administra la préfecture des Alpes maritimes sous Tibère ou Caligula (CIL 05, 1838 et 1839).
La déduction de la province des Alpes maritimes eut lieu sous Néron, et c'est très certainement dans ce même temps que les habitants des différentes cités qui constituaient cette province naissante bénéficièrent d'une extension du droit latin (63 ap. J.-C.). A la mort du roi Cottius II (64/66 ap. J.-C.), les territoires qu'il administrait furent réintégrés à l'Empire, et constituèrent la province des Alpes cottiennes. Une partie de ces territoires échut visiblement aux Alpes maritimes. En effet, si la localisation proposée pour les territoires des Ésubiens (vallée de la Vésubie ?) et les Ectiniens (vallée de la Tinée ?), est correcte, c'est probablement à cette époque qu'ils furent déduits des Alpes cottiennes pour être amalgamés à la cité des Védiantes (Cemelenenses). Dans le même élan, d'autres peuplades moins bien localisées intégrèrent très certainement les autres cités de la province naissance. La métropole de cette province fut fixée à Cemenelum (Cimiez, Nice). Ces gains territoriaux furent compensés par des pertes dés l'année 68/69 ap. J.-C., lorsque l'empereur Galba confia l'administration de la cité des Bodiontiques et de celle des Avantiques à la province de Narbonnaise (Pline, Histoire naturelle, III, 35).
Le territoire de ces peuplades fut grandement réorganisé et plusieurs de celles-ci furent fusionnées. Ainsi, au milieu du IIe s. ap. J.-C., Ptolémée ne dénombrait plus que trois cités (1) : les Νερουσίοι "Nérusiens", les Σουητρίοι "Suètres" et les Οὐεδιαντίοι "Védiantes" (Géographie, III, 1, 41-43). D'après l'énumération faite par Ptolémée, les Védiantes, avaient déjà absorbé les Ésubiens et les Ectiniens, permettant à cette cité de s'étendre jusqu'au c?ur des Alpes. En outre, il est tout à fait concevable qu'un même élan ait poussé les Suètres et les Nérusiens à absorber les population des hautes-vallées du Var et du Verdon. On notera aussi que du temps de Ptolémée, la province des Alpes maritimes n'incluait toujours pas la bande littorale. La bande littorale située à l'ouest du Var relevait de la province de la Narbonnaise (Géographie, II, 10, 8), tandis que celle s'étirant depuis l'est de ce fleuve relevait de la province de Ligurie (Géographie, III, 1, 1). Sur ce littoral, Νίκαια "Nicaia" (Nice), le Ἡρακλἐους λιμήν "port d'Héraclès", le Τρόπαια Σεβαστου "trophée d'Auguste" (La Turbie), le Μονοίκου λιμήν "port de Monoecus" (Monaco) demeuraient dépendants de la cité de Massalia (Géographie, III, 1, 2).
Des transformations internes à la province conduirent à la déduction de deux nouvelles cités, très certainement dés la fin du IIe s. ap. J.-C., celle des Brigantienses (ou Brigomagenses) et celle de Glannatina. Ces créations eurent un succès mitigé, si bien que très certainement dés la fin du siècle suivant, la première fut absorbée par la seconde.
Dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien (dernière décennie du IIIe s. ap. J.-C.), la province des Alpes cottiennes disparut. Les cités des Ebrodunenses et des Rigomagenses, qui en relevaient, échurent à la province des Alpes maritimes. Cette même province reçut également la cité des Dinienses, auparavant rattachée à la province de Narbonnaise. Enfin, ce fut dans le cadre de cette réforme que les Alpes maritimes furent définitivement détachées de l'Italie, pour intégrer le diocèse de Viennoise.
(1) Ce passage de Ptolémée est néanmoins erroné. En effet il situe Σανίτιον, l'actuelle Senez, sur le territoire des Οὐεδιαντίοι "Védiantes". Deux possibilités sont offertes : soit cette ville appartenait aux Σουητρίοι "Suètres", mentionnés juste avant dans l'énumération, soit la province comptait déjà une quatrième cité, celle des Sanitienenses.
Inscription de Cimiez (CIL 05, 7907 ; CAG-06, p 503) ] FLAVIO VERINI FILIO QV[IR(INA) S]ABINO DECVRIONI IIVIRO [SA]LIN(IENSIVM) CIVITATIS SVAE IIVIRO [FOR]O IVLIENSIS FLAMINI PROVIN[C(IAE)] ALPIVM MARITIMARVM OPTIMO PATRONO TABERNARII SALINIENSE[S] POSVERVNT CVRANTIBVS MATV[CIS] [MA]NSVET(O) ET ALBVCI[ANO I]MP(ERATORE) COMMODO III ET AN[TISTIO] B[V]RRO CO(N)S(VLIBVS)
"Flavius Sabinus, fils de Verinus, (de la tribu) Quirina, décurion, duumvir des Salinienses, sa cité, duumvir des Foroiulienses, flamine de la province des Alpes Maritimes, les boutiquiers salinienses ont élevé (ce monument) au meilleur des patron, par les soins de Matucius Mansuetus et Matucius Albucianus, Commode (consul pour la) 3e fois et d'Antistius Burrus étant consuls."
Inscription de Abbaye de Saint-Pons (Cimiez, Nice) (CIL 05, 7882 (p 931) ; CAG-06, p 525 ; AE 1967, 3c ; 1978, 452) M(E)M(ORIAE) FLAVIAE BASSILLAE CONIVG(IS) CARISSIM(AE) DOM(O) ROMA MIRAE ERGA MARIT(VM) AMORIS ADQ(VE) CAST(I)TAT(IS) FEMIN(AE) QVAE VIXIT ANN(IS) XXXV M(ENSIBVS) III DIEB(VS) XII AVREL(IVS) RHODISMIANVS AVG(VSTI) LIB(ERTVS) COMM(ENTARIENSIS) ALP(IVM) MA<R=P>(I)T(IMARVM) ET AVREL(IA) ROMVLA FILIA INPATIENTISSIM(O) DOLORE EIVS ADFLICTI ADQ(VE) DESOLAT(I) CARISS(IMAE) AC MERENT(ISSIMAE) FEC(ERVNT) ET S(VB) A(SCIA) DED(ICAVERVNT)
"A la mémoire de Flavia Bassilla, la plus chère des épouses, originaire de Rome, admirable d'amour pour son mari et de chasteté féminine, qui a vécu 35 ans, 3 mois et 12 jours. Aurelius Rhodismianus, affranchi d'Auguste, greffier (au fisc) des Alpes maritimes et Aurelia Romula, sa fille, affligés et désolés dans leur insupportable douleur, à la plus chère et la plus méritante, ont fait (ce monument) et l'ont dédié sous l'ascia."
Inscription de Abbaye de Saint-Pons (Cimiez, Nice) (CAG-06, p 525) GENIO]Q(UE) AVGG(VSTORVM) [NN(OSTRORVM) 3] [3] ALP(IVM) MAR(ITIMARVM) V(OVIT) [
"Aux Génies et à nos Augustes, [?] des Alpes maritimes, a voué [?]"
"Lucius Allius Verinus, fils de Verus, (de la tribu) Papiria, décurion, duumvir, flamine augustal pour les Alpes maritimes, pour lui-même et pour Flavia Cassia, fille de Valentinus, son épouse très affectionnée, défunte ; pour Ulattia Marcella, fille de Marcus, la meilleure des belles-mères, de son vivant ; pour Lucius Allius Avitus son fils, décurion, de son vivant ; pour Lucius Allius Flavianus son fils, de son vivant (et) pour Allia Avita sa fille, de son vivant."
Inscription de Vence (CIL 12, 7 (p 803) ; CAG-06, p 705) ] MASSILIN[ENSIVM VINTIEN]SIVM // CVRANTE AC DEDICANTE IVL(IO) HONORATO P(ROCVRATORE) AVG(VSTI) EX P(RIMO) P(ILO) PRAESID(E) ALP(IVM) MARITIMARVM
"[?] des Massilinienses et des Vintienses. Réalisé et inauguré par Iulius Honoratus, procurateur d'Auguste, ancien primipile, gouverneur des Alpes maritimes."
Inscription de Vence (ILGN 3 ; CAG-06, p 709 ; AE 1924, 61) [3] VAL(ERIO) M[V]CIAN(O) [IIV]IRO SACERDO(TI) VINT(IENSIS) FLAM(INI) ET PATRONO PROV(INCIAE) ALP(IVM) MARIT(IMARVM) VALERIA [MVCI]ANA PATRI MEREN(TISSIMO) // [3]IA[3] VINTINI [3 VAL(ERIA)] MVCIANA [MATRI PI]ISSIMAE
"A [?] Valerius Mucianus, duumvir et prêtre de Vintium, flamine et patron de la province des Alpes maritimes. Valeria Muciana à son père très méritant. [?] Vintinus, [?] Valeria Muciana à sa mère très affectueuse."
Inscription de Zuglio (CIL 05, 1838) C(AIO) BAEBIO P(VBLI) F(ILIO) CLA(VDIA) / ATTICO / IIVIR(O) I(VRE) [D(ICVNDO)] PRIMO PIL(O) / LEG(IONIS) V MACEDONIC(AE) PRAEF(ECTO) / C[I]VITATIVM MOESIAE ET / TREBALLIA[E PRA]EF(ECTO) [CI]VITAT(IVM) / IN ALPIB(VS) MARIT<I=V>MIS T[R(IBVNO)] MIL(ITVM) COH(ORTIS) / VIII PR(AETORIAE) PRIMO PIL(O) ITER(VM) PROCVRATOR(I) / TI(BERI) CLAVDI CAESARIS AVG(VSTI) GERMANICI / IN NORICO / CIVITAS / SAEVATVM ET LAIANCORVM
"A Caius Baebius Atticus, fils de Publius, (de la tribu) Claudia, duumvir pour dire le droit, primipile de la légion V Macedonica, préfet des cités de Mésie et de Triballie, préfet des cités dans les Alpes maritimes, tribun militaire de la cohorte VIII Praetoria, primipile une seconde fois, procurateur de Tiberius Claudius Caesar Augustus Germanicus dans le Norique. La cité des Saevates et des Laiances"
Inscription de Zuglio (CIL 05, 1839 ; AE 1994, 680) [C(AIO) B]AEB[IO P(VBLI) F(ILIO) CLA(VDIA) ATT]ICO [IIVIR(O) I(VRE) D(ICVNDO) PR(IMO) PILO] LEG(IONIS) V [MACEDONIC(AE) PRAEF(ECTO) CI]VITAT[IVM MOESIAE ET TREBALLI]AE PR[AEF(ECTO) CIVITAT(IVM) IN ALPIB(VS) M]ARIT[IMIS TR(IBVNO) MIL(ITVM) COH(ORTIS) VIII PR(AETORIAE) PR]IMO PI[LO ITER(VM) PROCVRAT(ORI) TI(BERI) CLAVDI] CAESAR[IS AVG(VSTI) GERMANICI] IN NORI[CO 3]LVS PR[A]EF(ECTVS)
"A Caius Baebius Atticus, fils de Publius, de la tribu Claudia, duumvir pour dire le droit, primipile de la légion V Macedonica, préfet des cités de Mésie et de Triballie, préfet des cités dans les Alpes maritimes, tribun militaire de la cohorte VIII Praetoria, primipile une seconde fois, procurateur de Tiberius Claudius Caesar Augustus Germanicus dans le Norique. [...]lus, préfet."