La Géographie (Γεωγραφικά) de Strabon est une vaste description du monde connu du temps d'Auguste et de Tibère, dont la rédaction s'échelonna entre la fin du règne d'Auguste et le début de celui de son successeur, tandis que la publication eut lieu autour de 24 ap. J.-C. (1). Cette oeuvre majeure nous est connue par cinq principaux manuscrits datant des XIIIᵉ-XVᵉ s., dérivant tous d'un archétype byzantin aujourd'hui perdu. Quelques rares fragments de papyrus sont également connus, lesquels complètent marginalement la tradition.
La Géographie de Strabon est un traité combinant géographie physique, ethnographie, histoire, politique et économie. L'ouvrage se veut à la fois synthèse savante et critique des connaissances antérieures (Ératosthène, Hipparque, Posidonios, Polybe…) et un guide utile destiné aux hommes d'État, car Strabon pense que la géographie est un outil au service du gouvernement. Cette oeuvre est exceptionnelle à bien des titres. Elle constitue une synthèse exceptionnelle des savoirs géographiques antiques, un reflet de la vision du monde dans l'ordre impérial naissant et l'unique document de ce type intégralement conservé. En outre, la Géographie de Strabon fournit une description précieuse des peuples, institutions, moeurs et organisations sociales des différents peuples de l'Empire et de sa périphérie, et notamment ceux de régions assez mal documentées, telles que l'Occident romain, la mer Noire, le Caucase ou encore l'Arabie. Cette oeuvre est organisée de la manière suivante :
Livres
Contenu
I-II
Introduction méthodologique : I - Défense de la géographie comme science utile aux hommes d'État ; Critique des prédécesseurs (Ératosthène, Hipparque) ; Notions de base : forme du monde, climat, zones, méthode d'observation ; II - Suite de la critique d'Ératosthène et Hipparque ; Présentation du plan général de l'ouvrage : description de l'oekoumène ; Discussion sur les distances, les méridiens, les parallèles, la cartographie.
III-X
L'Europe : III - L'Ibérie ; IV - La Gaule et les pays situés en-deçà de l'Italie et des Alpes (Bretagne et peuples des Alpes) ; V-VI - L'Italie ; VII - Le reste de l'Europe (Germanie, les Cimbres, Germanie méridionale, Chersonèse, Illyrie, Pont-Euxin, Macédoine) ; VIII-IX - La Grèce ; X - L'Étolie et les îles grecques.
XI-XVI
L'Asie : XI - Le nord de l'Asie, le Caucase, l'Arménie ; XII - La région pontique ; XIII-XIV - L'Asie mineure ; XV - L'Inde et la Perse ; XVI - De l'Assyrie à l'Arabie.
XVII
L'Afrique : L'Égypte et la Libye.
Les livres III à V, le livre VII et dans une bien moindre mesure le livre XII, conservent de nombreux toponymes, hydronymes et ethnonymes celtiques. En outre, ce travail fournit des indications précieuses sur les moeurs et institutions de ces peuples du temps d'Auguste (et antérieurement).
Notes
(1) Cette datation repose sur des allusions internes. Strabon indique avoir achevé le livre II sous Auguste, alors que celui-ci régnait depuis déjà longtemps (Géographie, II, 5, 12), impliquant que les livres I et II furent rédigés avant 14 ap. J.-C. Par ailleurs, sa description de la Cappadoce (XII, 3, 31) reflète la situation administrative de cette région après son annexion par Tibère, en 17 ap. J.-C., celle de la Commagène est nécessairement postérieure à sa réorganisation en 18 ap. J.-C. (XII, 3, 28), la mort de Germanicus, en 19 ap. J.-C., est mentionnée (XIII, 1, 27), enfin il fait référence à la mort récente de Juba II, intervenue en 23 ap. J.-C. (XVII, 3, 7).
Sources
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique