tetreco- / tetrico- : Thème rencontré dans de nombreux anthroponymes, principalement attestés dans les provinces de Gaule aquitaine, Gaule belgique, Gaule lyonnaise, Gaule narbonnaise, Germanie supérieure et Bretagne. On le relève notamment dans les noms Tetrecus, Tetrica, Tetricianius, Tetricilla, Tetricius et Tetricus (et celui de l’empereur gaulois Caius Pius Esuvius Tetricus Ier et de son fils, Caius Pius Esuvius Tetricus II). J.-P. Savignac (2004) et X. Delamarre (2003 ; 2023) le considèrent gaulois et le rapprochent de l’irlandais tethra, "corbeau", du grec τετράων / τἐτραξ (à l’origine du latin tetrax), "tétras", du sanskrit tittiráh, "perdix", du lituanien tetervà, "tétras", ou du russe téterev, "faisan". Notons aussi que X. Delamarre (2003) indique que ce nom remonterait à une forme plus ancienne, *tetaro-, tandis que J.-P. Savignac (2004) privilégie une forme en *teter(uo)-. Suivant ce dernier auteur, il conviendrait de traduire ce nom par "coq de bruyère / faisan", tandis que X. Delamarre (2003 ; 2023) indique que ce nom devait désigner "des oiseaux du genre faisan".
Faisan est un nom vernaculaire qui désigne différentes espèces de la famille des Phasianidae. Seules quelques espèces sont représentées naturellement en Europe, et deux en particulier ont peuplé de vastes régions (1), où elles ont parfois été confondues sous les mêmes dénominations, "tétras" et "coq de bruyère" ; le Tétras lyre (Lyrurus tetrix L., 1758) et le Grand Tétras (Tetrao urogallus L, 1758). On peut également songer au Faisan de Colchide (Phasianus colchicus L., 1758), actuellement largement représenté en Europe moyenne et occidentale, où a été introduit depuis le Caucase. Son introduction se fit en plusieurs temps entre l’antiquité et le Moyen Âge. On notera cependant qu’avant l’époque moderne, sa présence n’a été que très anecdotique.
(1) D’autres Phasianidae sont présents, tels que que Lagopède d'Écosse (Lagopus scotica Latham, 1787) ou le Lagopède alpin (Lagopus muta Montin, 1781), mais l’extension de leur habitat est bien moindre, souvent limité aux hautes-montagnes et à l’extrémité septentrionale de l’Europe, bien loin des secteurs où furent donnés des noms comportant le mot tetreco- / tetrico-.