Condamnés à mort

[Patrice]

Salut à tous,

Quelqu'un saurait-il comment un condamné à mort, dans l'Empire romain, était exécuté? Je ne parle pas des jeux du cirque, mais de la simple exécution. On sait que Vercingétorix a été étranglé, mais y a-t-il d'autres modes opératoires connus?

Merci d'avance!

A+

Patrice

[Pierre]

Salut Patrice,

BG, VI, 44

http://www.arbre-celtique.com/encyclope ... 3-3072.htm

@+Pierre

[Alexandre]

L'ouvrage de référence sur la question :
http://www.amazon.fr/Peines-mort-Gr%C3% ... 2226113916
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 245_0000_3

[Patrice]

Salut,

Un grand merci!

A+

Patrice

[Sedullos]

Salut,

Les auxiliaires déserteurs (repris) étaient crucifiés tout comme les esclaves fugitifs. Pour les légionnaires condamnés à mort, c'était les verges et la hache. Y compris pour les rituels de décimation.

La croix en principe est interdite pour les citoyens romains et les légionnaires sont citoyens romains quelle que soit leur origine ethnique.

Dans le cadre des mutineries et révoltes de la seconde partie du Ier siècle ap. J.-C., des liquidations de meneurs ont été menées au glaive semble-t-il.

[Orgenomeskos]

Salut,

je n'ai pas eu le temps de consulter les liens, peut-être que ma piste est déjà exploitée par l'un des liens, mais j'ai le souvenir des mesures prises contre des légionnaires lors de la guerre contre Jugurtha...

La Légende Dorée de Voragine évoque à de nombreuses reprises des exécutions, mais également un cas de décimation (Saint-Maurice).

Quand toute l'armée eut franchi les Alpes et fut arrivée à Octodunum, l'empereur ordonna que tous ceux qui étaient avec lui offrissent un sacrifice aux idoles, et s'unissent par un serment unanime contre les rebelles à l'empire et principalement contre les chrétiens. Quand les saints soldats apprirent cela, ils se retirèrent de l'armée à une distance de huit milles, et se placèrent dans un endroit agréable nommé Agaune, sur le Rhône. Aussitôt informé, Maximien leur envoya, par des soldats, l'ordre de venir de suite pour sacrifier aux dieux. Ils répondirent qu'ils ne pouvaient le faire, attendu qu'ils suivaient la foi de Jésus Christ […] Le César envoya alors de ses soldats, avec ordre de les forcer à sacrifier aux dieux ou de les décimer sur-le-champ. Les saints présentèrent donc la tête avec joie ; chacun disputait le pas à l'autre et se hâtait de parvenir à la mort. Alors saint Maurice se leva et les harangua en disant entre autres choses : « […] Puisque les cadavres de nos camarades sont déjà comme un rempart autour de nous, et que nos vêtements sont rougis du sang de nos compagnons, nous aussi, suivons-les au martyre. […] » Quand l'empereur apprit cela, il ordonna une seconde fois qu'on en décapitât un sur dix. Cette exécution achevée, Exupère, enseigne, prit le drapeau, et, debout au milieu de ses compagnons d'armes, il parla ainsi : « […] Que nos mains droites jettent ces armes de la chair et qu'elles s'arment de vertus ; et si vous le trouvez bon, adressons cette réponse à César : Nous sommes tes soldats, Empereur, mais nous sommes aussi les serviteurs de Jésus Christ ; […] nous sommes disposés à souffrir pour lui tous les tourments, et jamais nous ne déserterons sa foi. »
Alors l'impie César ordonna que son armée entourât la légion tout entière, en sorte que pas un ne pût échapper. Les soldats du Christ furent investis par les soldats du diable, et massacrés par leurs mains infâmes ; foulés aux pieds des chevaux, ils reçoivent la consécration du martyre."

[André-Yves Bourgès]

bonsoir,

au sujet du martyre de saint Symphorien dont il a été question sur un autre fil de discussion, l'hagiographe du Ve siècle se montre très avare de détails et se contente d'indiquer que "conduit hors du mur [de la ville], il est abattu par l'exécuteur" (Sic sanctus Symphorianus extra murum ductus, a percussore prostratus est).

Ce silence sur le mode opératoire a donné naissance à une tradition céphalophorique, car il était loisible d'imaginer que le saint avait été décapité.

André-Yves Bourgès

[André-Yves Bourgès]

La Légende Dorée de Voragine évoque à de nombreuses reprises des exécutions, mais également un cas de décimation (Saint-Maurice).

il vaut mieux remonter à la Passio sancti Mauritii et sociorum, rédigée par Eucherius, évêque de Lyon au Ve siècle, qui fait le récit de cette double décimation ; mais comme toujours l'historicité de ce récit demeure discutée.

André-Yves Bourgès

[Sedullos]

Salut,
un autre mode d'exécution pour les sentinelles qui se sont assoupies pendant leur garde ou pour des soldats qui ont mis en danger la vie de leurs camarades : la lapidation. cf Le soldat romain / François Gilbert. Errance, pp. 172-173 ; 176

[Alexandre]

On aura peut-être deviné, au vu de la multiplication rapide des exemples divers et variés de ce fil, que la thèse principale de l'ouvrage que j'ai mentionné plus haut est que l'application de la peine de mort, qui obéit à des schémas relativement simples chez les Grecs, a été considérablement compliquée à Rome par l'histoire troublée de la République et par l'importance et la diversité des influences extérieures.

[André-Yves Bourgès]

On aura peut-être deviné, au vu de la multiplication rapide des exemples divers et variés de ce fil, que la thèse principale de l'ouvrage que j'ai mentionné plus haut est que l'application de la peine de mort, qui obéit à des schémas relativement simples chez les Grecs, a été considérablement compliquée à Rome par l'histoire troublée de la République et par l'importance et la diversité des influences extérieures.

Le dépouillement des actes des martyrs chrétiens, comme celui - absolument horrifique ! - auquel s'est livré Antonio Gallonio dans son Traité des instruments de martyre, traduit en latin par l'auteur lui-même à la fin du XVIe siècle - on lira d'ailleurs quelques allusions très "politiques" aux supposés agissements des huguenots à l'encontre des catholiques -, pourrait apporter de nombreux éléments sur la sophistication du mode opératoire de la peine de mort à Rome sous l'Empire, n'était le fait que cette littérature martyriale, composée assez largement après les faits qu'elle rapporte, a sans doute été largement influencée par les traces de supplice que ses auteurs croyaient/pouvaient/voulaient retrouver sur les reliques de leurs héros.

Encore et toujours s'imposent la réflexion méthodologique et l'approche historiographique...

André-Yves Bourgès