http://encyclopedie.arbre-celtique.com

Encyclopédie de l'Arbre Celtique

{ SKIP }


  • Liens
  •   L'Arbre Celtique
      L'encyclopédie
      Forum
      Charte du forum
      Le livre d'or
      Le Bénévole
      Le Troll
  • Annonces

  • Gaule
    Orient
    Express
  • Publicités
  • Recherche Google
  •  Google

Encyclopédie de l'Arbre Celtique

 • Index  •  Hyper-Thème • 


  • Tibère, allié aux Scordisques, terrasse les Pannoniens [-12]

  • Tibère, allié aux Scordisques, terrasse les Pannoniens (12 av. J.-C.)

    Au cours de l’hiver 13-12 av. J.-C., la courte intervention de Marcus Vipsanius Agrippa suffit à dissuader les Pannoniens de se révolter. Le décès prématuré du général (mars 12 av. J.-C.) donna le prétexte à ses populations pour entrer en rébellion. L’empereur Auguste chargea Tibère d’écraser ces soulèvements (Dion Cassius, Histoire romaine, LIV, 31). Ainsi, au printemps 12 av. J.-C., Tibère passa par Patavium (Padoue, province de Padoue, Italie), où il consulta l’oracle de Géryon et reçut un présage favorable (Suétone, Vies des douze César : Vie de Tibère, XIV), puis gagna Aquileia (Aquilée, province d’Udine, Italie), d’où partit l’expédition. A. Domić Kunić (2006) souligne avec raison qu’un passage de la Vie d’Auguste de Suétone indique qu’Auguste lui-même prit position à Aquileia, pour surveiller l’évolution de cette campagne (Vies des douze César : Vie d’Auguste, XX) (1).

    La nature de la campagne de Tibère différait très nettement de celle de ses prédécesseurs, Marcus Vinicius (14 av. J.-C.) et Marcus Vipsanius Agrippa (hiver 13-12 av. J.-C.), qui furent envoyés pacifier des populations soumises aux Romains, qui ne cessaient de s’agiter. Comme le soulignent les Hauts faits du divin Auguste (V, 30), la Vie d’Auguste (XXI) et la Vie de Tibère (IX) de Suétone, les opérations menées par Tibère visèrent avant tout à offrir de nouvelles conquêtes à l’empire. À l’inverse, espérant visiblement minimiser les exploits de Tibère, Dion Cassius, évoquait quant à lui principalement le fait qu’il ait écrasé des rebellions, c’est à dire la révolte de populations soumises à Rome, minimisant ainsi ses conquêtes (Histoire romaine, LIV, 31). Il est fort possible que Tibère ait également réprimé certaines de ces populations, mais l’essentiel de sa campagne fut consacré à asservir des peuples qui jusqu’alors échappaient au contrôle de Rome (Syme, 1937).

    Une fois encore, les sources sont ténues. Tout juste peut-on supposer que les Pannoniens qui menaçaient de se soulever bénéficiaient du concours de leurs voisins orientaux, ce qui aurait pu justifier la dimension nouvelle que prit cette campagne, mais rien ne le confirme. Aussi, nous savons par Dion Cassius, qu’allié aux Scordisques, le fils adoptif de l’empereur ravagea impitoyablement les terres des Pannoniens, les désarma, et vendit presque toute leur jeunesse à l’encan (Histoire romaine, LIV, 31). Un court et imprécis passage de la Vie de Tibère, par Suétone, pourrait laisser entendre que la campagne de Tibère a pu viser plus spécifiquement les Breuces (Vies des douze César : Vie de Tibère, IX), idée derrière laquelle se rangent la plupart des historiens contemporains, tels que R. Syme (1937), J. Wilkes (1992), D. Dzino (2005 ; 2012), A. Domić Kunić (2006), etc. On notera cependant que l’évocation des Dalmates, dans ce même passage de la Vie de Tibère, invite à penser qu’il s’agît peut-être que d’une évocation de la seconde campagne de Tibère, ce qui n’exclut aucunement l’idée que les Breuces aient pu être le principal peuple visé par Rome, dés 12 av. J.-C.

    Malgré le peu de détails que fournissent les sources, quelques indices permettent de saisir l’ampleur des opérations militaires qui furent engagées. Suivant A. Domić Kunić (2006), Tibère dût utiliser Segestica (Sisak, comitat de Sisak-Moslavina, Croatie), alors tenue par les Romains depuis un vingtaine d’années, comme base opérationnelle pour intervenir dans la moyenne et la basse-vallée de la Save. Le même auteur observe que le territoire des Colapians n’était pas frontalier de celui des Breuces, puisqu’ils étaient séparés par les Osériates. De la même manière, l’intervention des Scordisques, très récents alliés des Romains, laisse entendre que l’ensemble des peuples des moyennes et basses-vallées de la Save et de la Drave, jusqu’au Danube, ont été soumis par Tibère lors de cette campagne. En plus des Breuces, on songera donc aux Osériates, Iases, Andizètes, Cornacates, et autres Amantins. Tous les peuples furent-ils vaincus, ou certains entrèrent-ils pacifiquement dans l’orbite de Rome ? J. Wilkes (1992) estimait que les Amantins auraient été les alliés des Breuces, tandis que D. Dzino (2005 ; 2012) et A. Domić Kunić (2006), considérant les liens privilégiés des Amantins avec les Scordisques, envisagent qu’ils auraient pu combattre les Breuces aux côtés des Romains. A. Domić Kunić (2006) observe également que le site archéologique de Donja Dolina, près de Bosanska Gradiška (République serbe de Bosnie, Bosnie-Herzégovine), sur le territoire des Osériates, montre un brusque hiatus dans son occupation et la destruction de son enceinte à l’époque augustéenne, associé à la présence de matériel militaire romain. Il s’agît donc possiblement de traces d’affrontements corrélatifs à cette campagne (2). Il paraît également certain que les populations passées sous le contrôle de Rome durent fournir de nombreux otages. À ce titre, plusieurs travaux mentionnent la stèle funéraire d’un jeune amantin, Scemaes, fils de Liccaus, mort noyé dans la rivière Hemona (la Ljubljanica), qui pourrait avoir été un de ces otages (3) (Domić Kunić, 2006 ; Šašel Kos, 2011).

    Au terme de cette campagne, les pertes subies par les Pannoniens et les victoires remportées par Tibère furent jugées décisives. En conséquence, le Sénat décerna à Tibère les honneurs du triomphe. Son père adoptif s’opposa à une telle célébration, mais lui accorda en compensation les honneurs des ornements triomphaux (Dion Cassius, Histoire romaine, LIV, 31 ; Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 96). Cette célébration n’eut lieu que quelques années plus tard, au terme de la conquête de l’Illyrie.

    À la fin de l’année 12 av. J.-C., Tibère s’était donc emparé de l’intégralité des vallées de la Save et de la Drave, jusqu’au Danube. Ce faisant les populations dalmates des Alpes dinariques se sont trouvées intégralement enclavées au sein des possessions romaines. Ainsi, alors que la Pannonie n’était apaisée que superficiellement, d’autres Illyriens ne tardèrent pas à prendre les armes, obligeant Tibère à délaisser le front nord, et ouvrir un second front au sud.


    Notes

    (1) La présence d’Auguste à Aquileia, à cette même époque, est également confirmée par Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XVI, 4).

    (2) L’auteur note cependant que la datation de ces destructions n’est pas non-plus incompatible avec la grande révolte illyrienne (6-9 ap. J.-C.).

    (3) Ici aussi, faute de datation plus fine, il est possible que cet otage ait été l’un de ceux fournis après la grande révolte illyrienne (6-9 ap. J.-C.).

    Sources littéraires anciennes

    Dion Cassius, Histoire romaine, LIV, 31 : "Les Pannoniens, en effet, qui jusqu'à ce moment, par crainte d'Agrippa, s'étaient tenus tranquilles, avaient profité de sa mort pour se soulever. Tibère, par le ravage d'une grande partie de leur territoire et par le mal qu'il fit aux habitants, réussit à les dompter, puissamment aidé par l'alliance des Scordisques, peuple qui a les mêmes frontières et les mêmes armes. Il enleva les armes aux Pannoniens et vendit presque toute leur jeunesse pour être transportée dans d'autres pays. Le sénat, à raison de ces exploits, décerna le triomphe à Tibère, mais Auguste ne lui permit pas de le célébrer, et lui accorda, en échange, les ornements triomphaux."

    Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, VII, 5 : "Auguste ajouta à l’empire romain l’Égypte, la Cantabrie, la Dalmatie, vaincue bien des fois avant lui, mais qui fut alors entièrement soumise ; la Pannonie, l’Aquitaine, l’Illyrie, la Rhétie, les Vindéliciens et les Salasses dans les Alpes ; toutes les villes maritimes du Pont, entre autres, les deux plus célèbres, Bosphore et Panticapée. Il vainquit aussi les Daces dans plusieurs batailles, tailla en pièces d’innombrables armées de Germains et repoussa ses ennemis au delà du fleuve Albis, qui est bien plus éloigné que le Rhenus dans ces contrées barbares. Toutefois Auguste chargea de cette expédition son beau-fils Drusus, comme il confia la guerre de Pannonie à son autre beau-fils Tibère."

    Suétone, Vies des douze Césars : Vie de Tibère, IX : "Il fit les guerres de Rhétie, de Vindélicie, de Pannonie et de Germanie. Dans celle de Rhétie et de Vindélicie, il soumit les peuples des Alpes ; dans celle de Pannonie, les Breuces et les Dalmates ; dans celle de Germanie, il transplanta dans les Gaules quarante mille hommes qui s'étaient rendus à discrétion, et leur assigna des demeures sur les bords du Rhenus."

    Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 39 : "Tibère César qui avait arraché aux Espagnols l'aveu définitif de leur soumission, arracha le même aveu aux Illyriens et aux Dalmates. La Rhétie, le pays des Vindélices, la Norique, la Pannonie, le pays des Scordisques furent les nouvelles provinces qu'il rangea sous notre pouvoir. Ces peuples furent vaincus par les armes. Quant à la Cappadoce, la renommée de César suffit à la rendre tributaire du peuple romain."

    Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 96 : "Peu après, on confia à Néron la guerre de Pannonie. Commencée par Agrippa sous le consulat de Marcus Vinicius, ton aïeul, cette guerre acharnée s'était étendue et rapprochée de l'Italie qu'elle menaçait. Nous parlerons plus longuement ailleurs des peuples Pannoniens et des nations Dalmates, de la situation de leurs pays et de leurs fleuves, de la grandeur et de la puissance de leurs forces et aussi des magnifiques victoires que cet illustre général remporta si souvent dans cette guerre. Ne changeons pas le plan de cet ouvrage. Maître de la victoire, Néron reçut les honneurs de l'ovation."




  • Sources

  • • A. Domić Kunić, (2006) - "Bellum Pannonicum (12-11 BC). Posljednja faza osvajanja Južne Panonije", Vjesnik Arheološkog muzeja u Zagrebu, XXXIX, pp.59-164
    • D. Dzino, (2005) - Illyrian policy of Rome in the late Republic and early Principate, Thesis submitted for the degree of Doctor of Philosophy in the Department of Classics, University of Adelaide, 244p.
    • D. Dzino, (2012) - "Bellum Pannonicum : The Roman armies and indigenous communities in southern Pannonia 16-9 BC", in : M. Hauser et al. (eds.), Actes du Symposium international : Le livre. La Roumanie. L’Europe. 4ème édition, 20-23 Septembre 2011, Vol. 3, Metropolitan Library, Bucarest, pp.461-480
    • M. Šašel Kos, (2011) - "The Roman conquest of Dalmatia and Pannonia under Augustus - some of the latest research results", in : G. Moosbauer & R. Wiegels (Hrsg.), Fines imperii - imperium sine fine ? Römische Okkupations- und Grenzpolitik im frühen Principat, Osnabrück vom 14. bis 18. September 2009, Osnabrück Forschungen zu Altertum und Antike-Rezeption Band 14, Rahden, S.107-117
    • R. Syme, (1937) - "Augustus and the South Slav lands", Revue internationale des études balkaniques, vol.3, pp.33-46
    • J. Wilkes, (1992) - The Illyrians, Blackwell Publishers Ltd, Oxford, 384p.
    • Julien Quiret pour l'Arbre Celtique

  • Liens analogiques

  •  •  Amantins [Sirmienses] [ peuples de Pannonie (Les) ]
     •  Aquileia (Aquilée) [ villes de Cisalpine (et Ligurie) ]
     •  Campagne de Marcus Vinicius contre les peuples de la Drave et de la Save [-14] [ conquête romaine de l’Illyrie [-14 : -9] (La) ]
     •  Campagne de Tibère contre les Dalmates et les Pannoniens [-11] [ conquête romaine de l’Illyrie [-14 : -9] (La) ]
     •  Cornacates [Cibalenses] [ peuples de Pannonie (Les) ]
     •  Danuvius (Danube) [ fleuves & rivières (de Dabrona à Durius) ]
     •  Dion Cassius [ auteurs antiques et anciens ]
     •  Histoire romaine [Dion Cassius] [ ouvrages antiques & anciens ]
     •  Histoire romaine [Velleius Paterculus] [ ouvrages antiques & anciens ]
     •  Intervention de Marcus Vipsanius Agrippa [hiver -13:-12] [ conquête romaine de l’Illyrie [-14 : -9] (La) ]
     •  Ovation de Tibère [fin -10] [ conquête romaine de l’Illyrie [-14 : -9] (La) ]
     •  peuples de Pannonie (Les) [ peuples celtes (Les) ]
     •  Scordisques [ peuples de Pannonie (Les) ]
     •  Suétone [ auteurs antiques et anciens ]
     •  Vies des douze Césars [Suétone] [ ouvrages antiques & anciens ]

  • Liens externes
  • A. Domić Kunić, (2006) - "Bellum Pannonicum (12-11 BC). Posljednja faza osvajanja Južne Panonije"
  • D. Dzino, (2005) - Illyrian policy of Rome in the late Republic and early Principate
  • D. Dzino, (2012) - "Bellum Pannonicum : The Roman armies and indigenous communities in southern Pannonia 16-9 BC"
  • J. Wilkes, (1992) - The Illyrians
  • M. Šašel Kos, (2011) - "The Roman conquest of Dalmatia and Pannonia under Augustus - some of the latest research results"

  • Publicités


Accueil | Forum | Livre d'or | Infos Lègales | Contact 

IDDNSite protégé. Utilisation soumise à autorisationIDDN
Conception : Guillaume Roussel - Copyright © 1999/2009 - Tous droits rèservès - Dèpôts INPI / IDDN / CNIL(1006349) / SCAM(2006020105)