|
avo- / avio- / ava - Dans le gaulois, la racine *avo- (forme principale) désigne généralement l'ascendant, c'est-à-dire le grand-père ou un aïeul, tandis que *avio-, variante, peut indiquer le descendant, le petit-fils ou la progéniture (Delamarre 2019). Ces racines apparaissent dans des anthroponymes et inscriptions gauloises, illustrant l'importance de la parenté et de la descendance dans la société celtique. Les noms construits sur ces radicaux permettent de marquer la position d'un individu dans la lignée familiale, plutôt que de décrire des traits corporels ou humoristiques. En revanche, ces racines n'ont pas été productives dans les langues celtiques ultérieures, et n'ont laissé que des traces limitées aux anthroponymes du gaulois.
Les correspondances indo-européennes confirment cette sémantique : le latin avus "grand-père", le norrois ái "ancêtre", le lituanien avȳnas "oncle maternel", l'arménien haw "grand-père", et le hittite huhhas "id.", dérivent tous de la racine proto-indo-européenne *h₂euH‑os. Delamarre précise toutefois que certaines formes *avio‑ peuvent être masquées par la graphie dans les inscriptions gauloises, et qu'il convient de ne pas les confondre avec l'homonyme *avi(o)‑ "oeuf" (Delamarre, 2019).
La longueur de la voyelle radicale est phonologiquement significative et pourrait modifier le sens ou l'interprétation du nom. Dans les inscriptions gallo-latines, cette longueur n'est jamais indiquée, ce qui empêche de distinguer systématiquement *avio ("descendant ") de son homonyme *avi(o)‑ "oeuf". Cette incertitude rend l'interprétation des anthroponymes issus de ces racines hypothétique, et un nom comme Avius ou Anavius peut être lu soit comme un référent familial (ascendant ou descendant), soit comme un jeu de mots ou une référence à *avi(o)‑.
Pour Anavus, l'ambiguïté se manifeste de manière particulièrement nette : Favereau (2017) lit "sans descendance", tandis que Delamarre (2003) n'excluait pas cette interprétation, mais dans son ouvrage de 2019, il se ravise et lit désormais "sans oeuf". Cet exemple illustre parfaitement comment une variation phonétique non notée dans l'épigraphie, comme la longueur de la voyelle radicale, peut produire des interprétations divergentes selon les auteurs et les années, et combien l'analyse des anthroponymes gaulois reste très hypothétique.
|