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matir / mater : La racine gauloise *mater / *matīr désigne la mère, c'est-à-dire la génitrice ou l'ancêtre féminine immédiate. Elle remonte au proto-indo-européen *méh₂tēr, terme très stable et largement attesté dans les différentes branches de la famille. Cette racine a donné le latin mater, le grec ancien μήτηρ (mētēr), le sanskrit मातृ (mātṛ), le vieil-allemand moder et le vieil-irlandais mathair, et elle se retrouve sous des formes similaires dans la majorité des langues indo-européennes modernes, comme le français mère, l'anglais mother, l'allemand Mutter ou l'irlandais mathair. Contrairement à d'autres racines de parenté comme *avo / *avio ou *amma, qui peuvent être affectives ou limitées aux anthroponymes, *mater / *matīr est productive et lexicalisée, conservant de manière quasi universelle le sens de "mère" à travers les âges.
Dans les langues celtiques, si le mot se conserve en gaélique (irlandais, manx, erse), en brittonique (gallois, cornique, breton), le mot héritier de *mater / *matīr a été remplacé par un "nursery word", c'est-à-dire un mot enfantin ou affectueux pour "mère", comme mam ou mamm (Delamarre, 2003).
Ce mot est également attesté en langue gauloise dans plusieurs inscriptions. On le rencontre au pluriel dans "matrebo", sur la dédicace du chapiteau aux mères nîmoises et sur l'autel aux mères glaniques de Saint-Rémy-de-Provence. Une autre attestation apparaît à l'état individuel sur le plomb du Larzac, sous la forme "Adiegias matir Aiias" (Adiega, mère d'Aiia). Enfin, sur l'inscription de l'oppidum du castellan, on lit ΜΑΤΡΟΝ, interprété par Lambert (2003) comme un génitif pluriel désignant des déesses mères. Ces inscriptions montrent que la racine était utilisée pour désigner la mère, toujours au pluriel, dans des contextes religieux ou dévotionnels de la société gauloise, comme le montrent les dédicaces aux "matrebo" et ΜΑΤΡΟΝ.
Les attestations de ΜΑΤΡΟΝ sur l'inscription de l'oppidum du castellan et de "matrebo" sur l'autel aux mères glaniques de Saint-Rémy-de-Provence témoignent d'un culte dévotionnel des Matres et Matrones en Gaule. Il existe également des centaines d'inscriptions en latin attestant ce même culte. Ces divinités sont souvent représentées par un groupe de trois divinités, sous forme d'imago, mettant en avant leurs aspects maternels, nourriciers et protecteurs.
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