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Encyclopédie Celtique

La seconde révolte des Icéniens [61]

La seconde révolte des Icéniens (61 ap. J.-C.)

Les mauvais traitements subis par les Icéniens lors de la brutale intégration de leur cité à la province de Britannia, et la crainte des conséquences futures de cette intégration, les incita à prendre les armes contre les Romains. Profitant de l'absence du gouverneur Caius Suetonius Paulinus, occupé à finaliser la conquête de Mona, l'insurrection fut déclenchée avec à sa tête Boudicca, la femme de leur défunt roi Pratsutagos (Tacite, Annales, XIV, 31).

Les Icéniens furent rapidement rejoints par les Trinovantes et d'autres peuples de la province de Britannia, lesquels subissaient les excès des Romains depuis plus longtemps encore, leurs versaient un important tribut annuel et étaient exsangues. En effet, intégrées ou non à la province, les cités bretonnes clientes des Romains, étaient tributaires. Aussi, selon les conditions de leur entrée dans la clientèle de Rome, ce tribut était plus ou moins élevé. Cet aspect est particulièrement visible dans la première partie du discours prêté à Boudicca par Dion Cassius (Histoire romaine, LXII, 2-3) et transparaît également dans les propos des insurgés bretons relayés par Tacite (Vie d'Agricola, XV). Deux raisons supplémentaires constituèrent le déclencheur du soulèvement des Bretons de la province (les mêmes qui, probablement, firent craindre le pire aux Icéniens) : selon Dion Cassius (Histoire romaine, LXII, 2), ce fut le poids de la dette, dont les créanciers réclamaient le remboursement qui entraîna la révolte des Bretons de la province, tandis que selon Tacite (Annales, XIV, 31), ce furent les spoliations foncières.

La dette et ses intérêts : Les habitants de la province de Britannia avaient, plus ou moins volontairement, contracté une importante dette auprès de deux créanciers ; l'empereur Néron et Lucius Annaeus Seneca ("Sénèque"). En 61 ap. J.-C. (ou peu avant), le procurateur Catus Decianus a réclamé aux aristocrates bretons le remboursement du prêt octroyé par l'empereur (Dion Cassius, Histoire romaine, LXII, 2). Tacite livre quelques éléments permettant de comprendre l'origine d'une partie de la dette privée contactée par une partie de l'aristocratie bretonne. En effet, il indique qu'un temple dédié à l'empereur Claude divinisé fut élevé à Camulodunum et que ce nouveau culte "engloutissait la fortune de ceux qu'on choisissait pour en être les ministres" (Annales, XIV, 31). Presque simultanément, c'est le philosophe Lucius Annaeus Seneca qui réclama le remboursement immédiat du prêt de dix millions de drachmes, et ses intérêts, aux habitants de la province (Dion Cassius, Histoire romaine, LXII, 2).

Les spoliations foncières : Au terme de la première révolte des Icéniens (48 ap. J.-C.), une partie du territoire des Trinovantes fut confisquée, constituée en ager publicus et assignées aux vétérans pour lesquels la colonie de Camulodunum a été déduite (hiver 48-49 ap. J.-C.) (Tacite, Annales, XII, 32). Selon Tacite (Annales, XIV, 31), sur les terres prises aux Trinovantes, les biens des autochtones leurs étaient confisqués et eux-mêmes étaient traités en captifs ou esclaves. Le droit romain permettait ce genre de disposition avec une plus ou moins grande rigueur, et les populations vaincues ne restaient propriétaires que d'une partie de leurs biens, moyennant le versement d'un impôt (stipendium, vectigal ou tributum).

Pour cette double raison, la colonie de vétérans de Camulodunum symbolisait, aux yeux des insurgés, la domination romaine et ses excès, si bien qu'elle fut leur première cible. Les auteurs antiques indiquent que cette révolte fut d'une très grande ampleur et particulièrement violente. Cette violence émanait très certainement de la rancoeur des Bretons à l'encontre des Romains, mais revêtait peut-être aussi une dimension tactique. En effet, selon Tacite (Vie d'Agricola, XV), les insurgés voulaient égaler l'exploit des Germains qui, bien que vaincus et réduits en province (6 av. J.-C.), étaient parvenus à expulser les Romains et à recouvrer leur indépendance après le massacre de plus de trois légions romaines (9 ap. J.-C.). Les Bretons parvinrent presque à atteindre leur objectif, puisque selon Suétone, l'empereur Néron songea à un retrait de la Bretagne (Vies des douze Césars : Vie de Néron, XVIII).


Dion Cassius, Histoire romaine, LXII, 2 : "Le prétexte de la guerre fut la revendication des sommes données par Claude aux principaux habitants, sommes qui, disait Décianus Catus, gouverneur de l'île, devaient faire retour à leur maître. Ce motif, joint à ce que Sénèque, après leur avoir prêté, malgré eux, dans l'espoir de forts intérêts, dix millions de drachmes, les leur réclama tout d'un coup avec violence, détermina le soulèvement. Mais le chef qui les excita surtout, qui les décida à la guerre contre les Romains, qui fut jugé digne d'être à leur tête et qui les commanda durant toute la guerre, ce fut Bouduica, femme bretonne, de race royale et d'un courage au-dessus de son sexe. Elle rassembla une armée d'environ cent vingt mille hommes, et monta sur une tribune faite, à la manière des Romains, avec de la terre détrempée. Sa taille était grande, sa figure farouche, son regard perçant ; elle avait la voix rude ; elle laissait tomber jusqu'au bas du dos son épaisse chevelure d'un blond prononcé, et portait un grand collier d'or ; sur son sein était serrée une tunique de diverses couleurs, et par dessus s'attachait avec une agrafe une épaisse chlamyde. C'était là toujours son équipage ; mais alors, prenant en main une lance, afin de frapper tout le monde de terreur, elle parla en ces termes :"

Dion Cassius, Histoire romaine, LXII, 3 : "" L'expérience vous a montré combien la liberté diffère de la servitude, en sorte que si quelqu'un de vous, auparavant, s'était, par ignorance du meilleur choix, laissé tromper aux promesses employées par les Romains pour le séduire, aujourd'hui, du moins, l'épreuve de l'une et de l'autre vous a enseigné combien grande était votre erreur de préférer au gouvernement national une domination que vous vous êtes attirée vous-mêmes ; vous avez reconnu combien la pauvreté sans maître vaut mieux que la richesse avec l'esclavage. Quelle honte, quelle douleur n'avons-nous pas souffertes depuis que ces étrangers ont porté leurs regards sur la Bretagne ? N'avons-nous pas été privés complètement de nombreuses et immenses possessions et ne payons-nous pas des impôts pour le reste ? Sans parler de nos troupeaux et de nos champs, dont tous les produits sont pour eux, ne livrons-nous pas chaque année nos corps mêmes en tribut ? Combien ne vaudrait-il pas mieux être vendus une fois plutôt que d'être, avec le vain nom de liberté, contraints de nous racheter tous les ans ? Combien ne vaudrait-il pas mieux être égorgés et périr, plutôt que de promener partout nos tètes tributaires ? Mais que dis-je là ? La mort, chez eux, n'est pas même exempte de redevance, et vous savez ce que nous payons pour ceux qui ne sont plus ; chez les autres peuples, la mort affranchirait les esclaves, chez les Romains seuls, ceux qui ne sont plus existent encore pour rapporter. Bien plus, si quelqu'un de nous n'a pas d'argent (comment et d'où en aurait-il ?), il est dépouillé, pillé, comme les gens qu'on tue. Quelle modération attendre d'eux pour la suite , après qu'ils nous ont, dès le commencement, traités de la sorte, tandis que tous les hommes cherchent à apprivoiser les animaux récemment mis en captivité ?"

Suétone, Vies des douze Césars : Vie de Néron, XVIII : "Jamais il n'eut l'intention ni ne conçut l'espoir de reculer les limites de l'empire. Il voulut même retirer son armée de Bretagne. Le respect seul le retint: il aurait paru insulter à la gloire de son père. Il réduisit en province romaine le royaume de Pont que lui céda le roi Polémon, et les Alpes après la mort de Cottius."

Tacite, Annales, XIV, 31 : "L'objet de leur haine la plus violente étaient les vétérans, dont une colonie, récemment conduite à Camulodunum, chassait les habitants de leurs maisons, les dépossédait de leurs terres, en les traitant de captifs et d'esclaves, tandis que les gens de guerre, par une sympathie d'état et l'espoir de la même licence, protégeaient cet abus de la force. Le temple élevé à Claude offensait aussi les regards, comme le siège et la forteresse d'une éternelle domination ; et ce culte nouveau engloutissait la fortune de ceux qu'on choisissait pour en être les ministres. Enfin il ne paraissait pas difficile de détruire une colonie qui n'avait point de remparts, objet auquel nos généraux avaient négligé de pourvoir, occupés qu'ils étaient de l'agréable avant de songer à l'utile."

Tacite, Vie d'Agricola, XV : "En effet, une fois absent, le légat (Caius Suetonius Paulinus) ne fait plus peur. Laissés à eux-mêmes, les Bretons s'en prennent aux malheurs de l'asservissement. Ils étalent les injustices subies par les uns et les autres. Ils disent tout le mal qu'ils en pensent et s'excitent : " A quoi nous sert d'accepter notre sort ? Est-ce pour subir des charges encore plus lourdes en donnant à croire que ce pouvoir est supportable ? Autrefois nous avions chacun nos rois. Aujourd'hui on nous en impose deux : le légat pour intenter à nos vies, le procurateur à nos biens. Que ceux-ci s'entendent bien ou mal, c'est tout aussi dangereux pour ceux qu'ils écrasent. Les sbires de l'un et de l'autre, centurions et esclaves, conjuguent violence et outrages. Plus rien n'échappe à leur convoitise ni à leurs caprices. Au combat, c'est la bravoure qui donne droit au butin. Maintenant ce sont le plus souvent des pleutres incapables de se battre qui réquisitionnent nos maisons, nous arrachent nos enfants, enrôlent de force nos hommes. Croient-ils que nous avons d'autres raisons de mourir que pour notre patrie ? Mais nous, Bretons, combien sommes-nous ? Car eux, ils n'ont fait débarquer que bien peu de soldats ! C'est pour cela que les peuples de Germanie se sont débarrassées de leur joug. Or ce qui les protège, ce n'est qu'un fleuve, ce n'est pas l'Océan. Nous, pourquoi faisons-nous la guerre ? C'est pour défendre notre patrie, nos épouses, nos familles ! Et les Romains ? Eux, c'est par cupidité, pour s'offrir du luxe ! Ils déguerpiront, comme a déguerpi le divin Jules. Montrons-nous aussi braves que nos aïeux ! Ne nous laissons pas impressionner, si nous perdons l'une ou l'autre bataille ! Ceux qui ont de la chance se montrent plus téméraires, mais plus grande est la détermination des opprimés. Maintenant même les dieux ont pitié des Bretons : le général romain n'est plus là et ils le bloquent avec son armée dans une autre île. Maintenant nous nous concertons, ce qui nous était bien difficile. Sachons que dans ce genre de décisions, il est plus dangereux de se laisser surprendre que d'oser. ""


Sources:
  • Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
  • Julien Quiret pour l'Arbre Celtique

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