Sextus Calpurnius Agricola est envoyé rétablir l'ordre en Bretagne (162-163 ap. J.-C.)

Autour de 155-160 ap. J.-C., le gouverneur Gnaeus Iulius Verus fut confronté à une situation d'une rare gravité qui le contraignit à faire évacuer le mur d'Antonin. Ses éphémères successeurs ne parvinrent par à reprendre la main (1), si bien que selon la Vie de Marc Aurèle de Julius Capitolinus (Histoire Auguste : Vie de Marc Aurèle, VIII), à la mort d'Antonin le Pieux (161 ap. J.-C.), la situation dans la province de Bretagne, était tout aussi critique que celle du royaume-client d'Arménie et la Syrie subissant les assauts des Parthes de Vologèse IV, et que celle des provinces de Germanie supérieure et de Rhétie en proie aux raids meurtriers des Chattes.

Pour rétablir l'ordre dans la province de Bretagne, les co-empereurs Marc-Aurèle et Lucius Aurelius Verus y affectèrent Sextus Calpurnius Agricola (Julius Capitolinus, Histoire Auguste : Vie de Marc Aurèle, VIII), qui était jusqu'alors gouverneur de Germanie supérieure. Bien que les sources littéraires ne nous livrent aucune information claire, les actions du gouverneur peuvent être reconstituées dans leurs grandes lignes grâces aux nombreuses sources épigraphiques mises au jour au niveau de forts disposés le long de la Stanegate, en arrière du mur d'Hadrien :

Ces différentes attestations conduisent à un constat : à l'instar de Gnaeus Iulius Verus (v. 155-160 ap. J.-C.), le gouverneur Sextus Calpurnius Agricola concentra ses efforts autour du mur d'Hadrien, sur le territoire des Brigantes et son immédiate périphérie. Tous ces documents épigraphiques révèlent que des forts, parfois abandonnés, furent restaurés et réoccupés. Ceci amène donc à croire que Sextus Calpurnius Agricola est venu réprimer une nouvelle révolte des Brigantes et que sa mission fut couronnée de succès (Julius Capitolinus, Histoire Auguste : Vie de Marc Aurèle, XXII). On notera cependant que les succès remportés par le gouverneur ne l'incitèrent pas à réoccuper le mur d'Antonin.

(1) Gnaeus Iulius Verus eut pour successeur un certain Longus ou Longinus, connu par un unique diplôme militaire extrêmement lacunaire, découvert à Colchester (CIL 16, 130). A celui-ci succéda Marcus Statius Priscus, dont le cursus honorum est bien documenté. L'inscription référencée CIL 06, 1523 (p 3805, 4709) a été mise au jour à Rome et est datée de 162-164 ap. J.-C. Elle indique que Marcus Statius Priscus a été successivement légat d'Auguste propréteur de la province de Dacie, curateur des eaux à Rome, puis légat d'Auguste propréteur des provinces de Mésie, de Bretagne, puis de Cappadoce. Plusieurs inscriptions attestent de sa présence en Dacie jusqu'en 158 ap. J.-C. Nous savons par ailleurs qu'il était déjà en Mésie avant ou alors que Sextus Calpurnius Agricola gouvernait la Germanie supérieure, soit entre 160 et 161 ap. J.-C. (CIL 03, 7505 ; AE 1888, 00011). Marcus Sedatius Severianus, gouverneur de Cappadoce, a été tué en affrontant Vologèse IV à la fin de l'année 161 ap. J.-C. et Julius Capitolinus (Histoire Auguste : Vie de Marc Aurèle, IX et Vie de Vérus, VIII) mentionne Marcus Statius Priscus en Arménie (et donc à la tête de la Cappadoce ?) dés 162 ap. J.-C. De fait, il est possible d'affirmer qu'il fut gouverneur de Bretagne en 161-162 ap. J.-C., avant de quitter précipitamment l'île pour être envoyé dans la province de Cappadoce.