Les colonies latines de Cremona et de Placentia sont renforcées par l'envoi de nouveaux colons (début 189 av. J.-C.)
Alors que les Romains prenaient en main les territoires gagnés après l'expulsion des Boïens (191-190 av. J.-C.), le préteur Lucius Aurunculeius introduisit au Sénat une délégation de colons de Cremona (Crémone) et Placentia (Plaisance) venant réclamer que des moyens leurs soient accordés pour relever ces colonies de leurs cendres (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVII, 46). En effet, depuis la fondation de ces colonies sur des terres prises aux Boïens (218 av. J.-C.), celles-ci furent constamment menacées, subirent les affres de plusieurs guerres et furent durement plusieurs fois ravagées entre 218 et 193 av. J.-C. :
● | Au début de l'été 218 av. J.-C., Placentia fut attaquée par les Boïens. Une partie de ses habitants prit la fuite pour trouver refuge à Mutina, où ils furent assiégés ;
| ● | En décembre 218 av. J.-C., Placentia dut recueillir en urgence les 10000 soldats romains rescapés de la bataille de la Trébie ;
| ● | En 217 av. J.-C., à la fin de l'hiver, la colonie de Placentia fut le théâtre d'une bataille ayant opposé les Carthaginois, à l'armée consulaire de Tiberius Sempronius Longus et aux colons ;
| ● | Au printemps 207 av. J.-C., Placentia fut attaquée et assiégée par les Gaulois et les troupes d'Hasdrubal Barca. Beaucoup de colons de Placentia et Cremona fuirent la région, avant d'être secourus par les troupes du préteur Quintus Mamilius Turrinus (printemps 206 av. J.-C.) ;
| ● | Au printemps 200 av. J.-C., Cremona fut assiégée, tandis que Placentia fut prise et détruite par les Gaulois. A Placentia, seuls 2000 colons survécurent à ce désastre. Faits prisonniers, ils furent libérés par Lucius Furius Purpureo à l'issue de la bataille de Cremona (été 200 av. J.-C.) ;
| ● | En 193 av. J.-C., ce furent les Ligures qui ravagèrent le territoire de Placentia. |
Les colons ayant fui ces colonies y furent réinstallés par Sextus Aelius Paetus Catus (198 av. J.-C.). En février 196 av. J.-C., une première délégation fut dépêchée à Rome à l'occasion de la célébration du triomphe de Caius Cornelius Cethegus, ce qui eut certainement pour effet le fait que de premiers travaux de reconstruction furent engagés en 195-194 av. J.-C.. Ces travaux furent très certainement interrompus dés 193 av. J.-C., lorsque les Ligures attaquèrent la colonie de Placentia.
Pour remédier à cette situation, le Sénat chargea le consul Caius Laelius de trouver 6000 nouvelles familles à envoyer dans ces colonies pour les repeupler, tandis que le préteur Lucius Aurunculeius fut chargé de désigner les triumvirs responsables de cette opération, lesquels furent Marcus Atilius Serranus, Lucius Valérius Flaccus et Valérius Tappo (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVII, 46). Notons que le statut de ces colonies ne changea pas, elles demeurèrent des colonies latines.
La zone tampon entre les territoires des cités soumises à Rome (dont ces deux colonies) et les peuples gaulois fut renforcée la même année par la déduction de la colonie latine de Bononia. Pour assurer leur protection, en 187 av. J.-C., ces trois colonies furent reliées à la place-forte d'Arretium (Arezzo) par la voie Flaminia minor et à la place-forte d'Ariminum (Rimini) par la voie Aemilia.
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVII, 46 : "En Gaule, les colonies de Plaisance et de Crémone avaient envoyé des députés, qui furent introduits au sénat par le préteur L. Aurunculéius. Ils venaient se plaindre de la détresse de ces colonies, dont les habitants avaient été décimés par la guerre ou par les maladies, ou chassés par le voisinage dangereux des Gaulois. Le sénat décréta qu'on prierait le consul C. Laelius d'enrôler six mille familles pour les distribuer dans ces colonies, et que le préteur L. Aurunculéius nommerait des triumvirs qui seraient chargés de leur établissement. Les triumvirs désignés furent M. Atilius Serranus, L. Valérius Flaccus, fils de Publius et Valérius Tappo, fils de Caius." |
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