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Drusus et Tibère prennent en étau la Rhétie et la Vindélicie (15 av. J.-C.)
 Alors que Drusus était occupé à repousser les Rhètes hors d'Italie (15 av. J.-C.), ceux-ci continuaient leurs incursions jusqu'en Gaule (Dion Cassius, Histoire romaine, LIV, 22). En conséquence, Auguste envoya Tibère seconder son frère, en attaquant les Rhètes depuis la Gaule. L'idée était ici de prendre ces populations en étau en les attaquant simultanément par le sud et le nord des Alpes (Dion Cassius, Histoire romaine, LIV, 22 ; Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 95). A ceci s'ajoute que les attaques furent certainement menées par plusieurs vallées en même temps, aussi bien au sud qu'au nord des Alpes, puisque Dion Cassius indique qu'en plus de ces deux hommes, leurs lieutenants ont mené certaines offensives. Bien peu de détails relatifs à ces guerres ont été conservés par les auteurs de l'antiquité, tout juste sait-on par Velleius Paterculus (Histoire romaine, II, 95) que les villes des Rhètes et des Vindéliciens furent prises d'assaut.
Le récit que Dion Cassius nous en livre des ces campagnes souffre de nombreuses imprécisions. En effet, toutes les populations des Alpes auxquelles furent confrontés Drusus et Tibère sont qualifiées de Rhètes, or l'épisode du "lac (traversé) avec des barques" par Tibère et ses troupes fait échos à la bataille navale à l'issue de laquelle les Vindéliciens furent défaits (15 av. J.-C.). Cette courte allusion au lac Brigantinus permet cependant d'affirmer que l'offensive lancée depuis la Gaule par Tibère, a certainement été menée en remontant le cours du Rhin, en passant par le territoire des Rauraques, puis par le nord et l'est de celui des Helvètes. Notons que c'est à la même époque qu'est intervenue la refondation de la colonie de Raurica, qui pourrait avoir constitué la base-arrière de de Tibère.
Autre imprécision de Dion Cassius, partiellement corrigée par Horace (Odes, IV, 4, 15-28 ; IV, 14, 7-24) et Florus (Abrégé de l'Histoire romaine, IV, 12), nous savons que dans le cadre de son offensive menée depuis le sud de la Rhétie, Drusus affronta également les Breunes, les Génaunes et les Cennes (les [U]cennes ?).
Sources littéraires anciennes
| Dion Cassius, Histoire romaine, LIV, 22 : "Drusus et Tibère, pendant ce temps, accomplirent les exploits suivants. Les Rhètes, qui habitent entre la Norique et la Gaule, contre les Alpes Tridentines, faisaient de nombreuses incursions dans la partie limitrophe de la Gaule et poussaient le pillage jusqu'aux frontières de l'Italie [...] Refoulés hors de l'Italie, les Rhètes n'en continuant pas moins de presser la Gaule, Auguste envoya aussi Tibère contre eux. Drusus et Tibère, par des incursions faites sur plusieurs points à la fois de la Rhétie, soit en personne, soit par leurs lieutenants, et Tibère, en traversant le lac avec des barques, frappèrent ces peuples d'une telle terreur que, les attaquant chacun séparément, ils écrasèrent facilement, attendu qu'elles étaient isolées, les bandes qui venaient sans cesse à leur rencontre, et réduisirent sous leur puissance le reste affaibli et découragé par ces défaites."
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| Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, IV, 12 : "Les Noriques tiraient leur confiance de la hauteur des Alpes ; ils pensaient que la guerre ne pouvait escalader leurs rochers et leurs neiges. Mais César confia à son beau-fils Claudius Drusus le soin de pacifier entièrement tous les peuples de cette contrée, les Breunes, les Cennes et les Vindéliciens. On jugera de la sauvagerie de ces nations des Alpes par celle de leurs femmes : manquant de traits, elles écrasaient contre la terre leurs jeunes enfants et les lançaient à la tête de nos soldats."
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| Horace, Odes, IV, 4, 15-28 : "le lion sous le jeune croc duquel elle va périr a vu, tel ont vu les Rhètes au pied des Alpes Drusus leur amener la guerre. Des Vindélices la coutume d'où vient-elle, en tout temps avec la hache des Amazones d'armer leur main droite ? Je n'ai pas cherché la réponse, et il n'est pas permis de tout savoir, mais, longtemps et sur un vaste terrain victorieux, leurs bataillons, grâce aux plans d'un jeune homme à leur tour vaincus, ont compris, eux, ce qu'un esprit, ce qu'un caractère ayant reçu les soins adéquats dans un intérieur favorisé pouvait, ce que d'Auguste le paternel coeur pouvait à l'égard des enfants Nérons."
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| Horace, Odes, IV, 14, 7-24 : "toi (Auguste), qu'exempts de la loi latine, les Vindélices viennent à présent de reconnaître, éprouvant ce qu'avec Mars tu pouvais ? Car sous tes ordres Drusus a mis les Génaunes, ce peuple belliqueux, et les Breunes rapides, et leurs forts implantés aux sommets des Alpes redoutables à terre, portant avec acharnement coup sur coup. L'aîné des Nérons peu après une dure bataille a livrée, mettant les sauvages Rètes en déroute sous de favorables auspices,et il fallait le voir, au plus fort du combat martial, mesuré à des coeurs prêts à mourir pour être libres ! De quelle avalanche il les accablait ! Peu s'en faut qu'il n'égalât sur les eaux rebelles le bourrèlement de l'Auster quand le choeur des Pléiades fait éclater les nuages, inlassable à harceler les troupes ennemies et à lancer sa monture frémissante au milieu des feux."
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| Suétone, Vies des douze Césars : Vie de Tibère, IX : "Il gouverna environ un an la Gaule chevelue, alors agitée par les incursions des Barbares et par les querelles des chefs. Il fit les guerres de Rhétie, de Vindélicie, de Pannonie et de Germanie. Dans celle de Rhétie et de Vindélicie, il soumit les peuples des Alpes ; dans celle de Pannonie, les Breuces et les Dalmates ; dans celle de Germanie, il transplanta dans les Gaules quarante mille hommes qui s'étaient rendus à discrétion, et leur assigna des demeures sur les bords du Rhin. Ces exploits lui valurent les honneurs de l'ovation, et, suivant quelques historiens, il fut le premier qui entra dans Rome porté sur un char avec les ornements du triomphe, honneur nouveau qui n'avait encore été accordé à personne."
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| Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 39 : "Tibère César qui avait arraché aux Espagnols l'aveu définitif de leur soumission, arracha le même aveu aux Illyriens et aux Dalmates. La Rhétie, le pays des Vindélices, la Norique, la Pannonie, le pays des Scordisques furent les nouvelles provinces qu'il rangea sous notre pouvoir."
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| Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 95 : "Quand Néron fut revenu à Rome, César décida de l'éprouver en lui confiant la charge d'une guerre importante. Il lui donna comme adjoint dans cette entreprise Drusus Claudius son frère que Livie avait mis au monde dans la maison de César. Tous deux divisant leurs forces attaquèrent les Rètes et les Vindélices, prirent d'assaut de nombreuses villes ou places fortes, remportèrent aussi des succès en bataille rangée et, faisant couler à flots le sang ennemi avec plus de dangers que de pertes pour l'armée romaine, achevèrent de soumettre ces nations nombreuses, cruelles et farouches que la nature des lieux protégeait et rendait presque inabordables." |
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