|
Les Carthaginois soulèvent les Boïens et les Insubres (été 218 av. J.-C.)
 Au terme de leur tentative d'invasion de l'Italie (226-225 av. J.-C.), les armées levées par les Gaulois furent massacrées à la bataille de Télamon (225 av. J.-C.), après quoi, les peuples jugés responsables de cette guerre subirent une série d'expéditions punitives d'une rare violence. Le territoire des Boïens fut ravagé en 225-224 av. J.-C., puis subit la campagne de Quintus Fulvius Flaccus et Titus Manlius Torquatus (224 av. J.-C.), tandis que les Insubres subirent deux campagnes dévastatrices entre 223 et 222 av. J.-C.. Les Romains profitèrent de ces victoires pour renforcer leur présence dans la plaine du Pô en confisquant des terres aux Boïens et en facilitant les échanges avec la colonie d'Ariminum (220 av. J.-C.), depuis laquelle ils menaçaient les Gaulois.
Conscient des revers subis par les Gaulois cisalpins, Hannibal les fit approcher par des Gaulois transalpins acquis à sa cause (hiver 219-218 av. J.-C.), afin d'obtenir d'eux une alliance contre les Romains. Un accord fut rapidement trouvé avec les Boïens, lesquels entraînèrent les Insubres dans leurs projets (Polybe, Histoire générale, III, 40). Les Romains étaient instruits par les Massaliotes des efforts menés par les Carthaginois pour s'attirer la sympathie des Gaulois transalpins et cisalpins, mais échouèrent à contrecarrer ces projets (hiver 219-218 av. J.-C.). Ainsi, à ce stade, ils n'ignoraient rien des intentions belliqueuses des Boïens et des Insubres.
Lorsque les Romains apprirent des ambassadeurs massaliotes que les troupes carthaginoises venaient de franchir l'Èbre (printemps 218 av. J.-C.) (trahissant ainsi le traité ayant mis un terme à la Première Guerre punique), ils se mirent en ordre de bataille. Les consuls Publius Cornelius Scipio et Tiberius Sempronius Longus prirent la tête de deux armées destinées à attaquer les Carthaginois en Hispanie et en Afrique. Pour faire face au péril gaulois, les Romains hâtèrent la construction de fortifications autour des villes et déduisirent deux colonies latines sur les terres confisquées aux Boïens ; Placentia (Plaisance) et Cremona (Crémone) (Polybe, Histoire générale, III, 40 ; Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 25).
Le soulèvement gaulois fut déclenché dans la foulée, au printemps ou au début de l'été 218 av. J.-C. Dans un premier temps, les Gaulois concentrèrent leurs attaques contre la colonie latine de Placentia (début de l'été 218 av. J.-C.) et, pour une raison inconnue, contre les Taurins (été-automne 218 av. J.-C.). Ce ne fut qu'à l'arrivée d'Hannibal en Italie (automne 218 av. J.-C.) que ce conflit prit une bien plus grande ampleur, puisque les Gaulois firent dés lors cause commune avec les Carthaginois, jusqu'à la fin de la Seconde Guerre punique.
 | Polybe, Histoire générale, III, 40 : "Apprenant qu'Hannibal avait passé l'Èbre avec ses troupes plus tôt qu'ils ne s'y attendaient, ils prirent la résolution d'expédier une armée en Espagne sous les ordres de P. Cornélius Scipion et une autre en Afrique avec Ti. Sempronius. Pendant que les consuls procédaient à l'enrôlement des soldats et aux autres préparatifs, on se hâta d'achever l'organisation des colonies qu'on avait décidé auparavant d'envoyer dans la Gaule Cisalpine. On activa, dans les villes, la construction des remparts et on donna l'ordre à ceux qui devaient y habiter de s'y rendre dans les trente jours. On créa ainsi deux villes de six mille colons chacune : la première, en deçà du Pô, fut nommée Plaisance ; la seconde, sur l'autre rive du fleuve, fut appelée Crémone."
|
| Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 25 : "Cependant on n'avait en Italie d'autre nouvelle que celle du passage de l'Hèbre par Hannibal ; elle avait été portée à Rome par les ambassadeurs de Marseille, et déjà, comme s'il eût franchi les Alpes, les Boïens, de concert avec les Insubres, s'étaient soulevés, moins à cause de leur vieille haine contre les Romains, que pour un motif tout récent, le vif dépit que leur causaient les colonies de Plaisance et de Crémone qu'on venait d'établir dans leur pays, sur les rives du Pô."
|
|
Espace Découverte
[ Les Celtes en Italie (Gaule Cisalpine) ]
Site protégé. Utilisation soumise à autorisation